Roland-Garros : Djokovic franchit la première marche
- Djokovic sort bien des starting-blocks
Un retour attendu. Au comble de l’émotion, Novak Djokovic décrochait, début août, l’or de ses rêves lors des JO de Paris 2024. À genoux, le visage déchiré par les larmes, le Serbe reconnaissait avoir savouré « le plus grand succès » de sa carrière. Neuf mois plus tard, fraîchement titré à Genève (le 100e titre de sa longue carrière, seuls Jimmy Connors, 109, et Roger Federer, 103, le devancent encore), Novak Djokovic (tête de série no 6 ; sacré à Paris en 2016, 2021 et 2023) a lancé son tournoi. Encombré de questions sur sa faculté à se sublimer après avoir tant donné, tant gagné (24 titres en Grand Chelem) et se retrouver un peu démuni face au départ de ses rivaux légendaires qui ont longtemps exacerbé sa motivation.
Écartelé entre les souvenirs et un présent moins dominant. Encore touché par l’émotion des adieux de Rafael Nadal et les moments partagés avec Roger Federer et Andy Murray, le Serbe a résumé : « Honnêtement, j’ai pensé à la fin de mon parcours à moi aussi, quand on regardait Rafa lorsqu’il tenait son discours, surtout quand nous étions en arrière, dans le vestiaire. On parlait. On parlait de leur cérémonie de fin de carrière aussi. On se souvenait des rivalités précédentes. Bien sûr, je suis fier d’être encore sur le circuit, mais en même temps, j’étais et je suis encore triste qu’ils soient tous partis, parce que, vous savez, c’étaient des sources de motivation. C’était la raison pour laquelle je m’entraînais d’arrache-pied. »
Agacé par les caprices du vent et de la pluie, ce mardi, le Serbe a lutté contre son impatience et ses émotions, râlé contre les conditions météorologiques et le toit que les organisateurs ont tardé à fermer. Contre l’Américain Mackenzie McDonald (30 ans, 98e mondial), Djokovic n’a pas été flamboyant. Ses déplacements et ses courses ont parfois manqué de justesse, de fluidité, ses frappes, d’impact. Suffisant pour signer une 21e victoire au 1er tour à Roland-Garros. Un record. Son expérience et sa faculté à se hisser à la hauteur des grands composent une force rare. Il vise haut. Et va monter en régime. Au 2e tour, Novak Djokovic retrouvera un Français (Corentin Moutet ou Clément Tabur, opposés mardi soir). Il se dévoile et résume : « Je cherche à écrire l’histoire. Tous les tournois que je joue, pratiquement tous les matchs que je joue, en particulier sur les plus grands tournois du monde, il y a l’opportunité d’écrire plus l’histoire. C’est l’une des plus grandes motivations que j’aie. »
À lire aussi «Merci la France, merci Paris !» : Roland-Garros a dit adieu à son roi Rafael Nadal
- Les malheurs de Medvedev
Regard noir, mine froissée, mèche négligée, Daniil Medvedev a traversé le match avec les déséquilibres de celui qui s’avance à reculons, nourrit une aversion profonde, souffre du mal de terre. Comme en 2017, 2018, 2019, 2020 et 2023, le Russe (tête de série no 11) s’est incliné d’entrée à Roland-Garros contre le Britannique Cameron Norrie (29 ans, 81e mondial). Un petit tour. Une mauvaise habitude. Norrie, pas réputé pour sa solidité sur terre battue (il a atteint le 3e tour à trois reprises en 8 participations) a su profiter des errances d’un joueur bloqué, frustré.
Par les conditions climatiques, son jeu. Par la course-poursuite. Et les occasions manquées. Daniil Medvedev a servi pour le gain du 1er set, a ensuite mené 5-3 dans le 5e set, a servi pour le match, avant de se prendre les pieds dans le tapis. Son printemps laborieux sur terre battue (6 victoires, 3 défaites) était une indication de la répulsion ressentie pour la surface. Son humeur tapissée des couleurs du temps a précipité la fin de la rencontre. Et une élimination prématurée (comme à l’Open d’Australie, au 2e tour, en janvier). Norrie pouvait laisser une joie profonde. Tout à sa déception, Medvedev a oublié de serrer la main de l’arbitre…
- Une éclaircie nommée Jacquemot
Dans le clan français, la performance a été signée par Elsa Jacquemot, qui a éliminé la Grecque Maria Sakkari (ancienne no 3 mondiale, demi-finaliste à Roland-Garros en 2021, tombée au 90e rang mondial) pour adoucir le bilan du tennis féminin français en souffrance. Pierre-Hughes Herbert a fait fructifier son invitation en dominant le duel 100 % français contre Benjamin Bonzi. Alexandre Müller, valeureux, chaudement encouragé sur le court no 14, a, lui, cédé après un duel intense contre le prometteur tchèque Jakub Mensik (tête de série no 19), titré à Miami en mars. Touché aux abdominaux, Hugo Gaston a déclaré forfait avant son match contre Ben Shelton.
- Dimitrov, un abandon qui entre dans les annales
Avec les deux premiers sets en poche, Grigor Dimitrov contrôlait son 1er tour contre Ethan Quinn (106e mondial, issu des qualifications), avant de souffrir physiquement. Le Bulgare (tête de série no 16), touché à une cuisse, a été contraint à l’abandon. Il s’inscrit comme le premier joueur de l’ère Open à subir quatre abandons lors de quatre Grands Chelems consécutifs. Dimitrov (34 ans) avait été obligé de renoncer en 8es de finale (contre Daniil Medvedev) lors du dernier Wimbledon, avant de devoir jeter l’éponge en quarts de finale contre Frances Tiafoe à l’US Open, puis au 1er tour lors de l’Open d’Australie contre l’Italien Francesco Passaro. Avant une nouvelle désillusion à Roland-Garros…