Ils avaient promis une manifestation spectaculaire. Elle le fut. En grève depuis début octobre pour demander plus de moyens humains, les pompiers du Rhône ont de nouveau manifesté ce jeudi à Lyon. Un jeudi tout particulier, jour du début de la Fête des lumières. Après une assemblée générale en plein air devant l’état-major du SDMIS, durant laquelle les soldats du feu ont voté à l’unanimité la reconduction du mouvement, le cortège s’est élancé vers le pont Lafayette, qui enjambe le Rhône. Au bout du pont, deux pompiers se sont immolés par le feu. Une métaphore du «on est cramé» scandé à plusieurs reprises, symbole de leur épuisement.
«Vous allez voir, toute la métropole va entendre notre colère», a lancé Rémy Chabbouh, pompier lyonnais et secrétaire national SUD SDMIS. En effet, les inscriptions «Pompiers en grève» ont été inscrites sur la tour Incity, plus haute tour de la ville, en lettres lumineuses et en rétroprojection sur la basilique de Fourvière.
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La Fête des lumières perturbée
Alors qu’il en avait l’interdiction, le cortège des pompiers a pénétré à l’intérieur du périmètre de la Fête des lumières, sous les yeux surpris des touristes venus en nombre assister à l’événement. Un peu dépassées par leurs hommes, les organisations syndicales ont tenté d’empêcher cette manœuvre avant de céder. Fumigènes craqués, les soldats du feu ont entonné plusieurs Marseillaise applaudis par la foule largement solidaire avec leur mouvement. Après un nouvel hymne national sous les fenêtres de l’Hôtel-de-Ville, les pompiers ont pénétré sur la place des Terreaux, l’un des lieux les plus fréquentés de la Fête.
Une incursion qui a nécessité l’évacuation de spectateurs au niveau de la place. Là encore sous les hourras de la foule et de quelques flashs de touristes étrangers heureux de vivre la Fête et d’observer une grève «so french», les pompiers ont entonné une nouvelle Marseillaise.
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Vers un durcissement du mouvement ?
La manifestation s’est globalement passée dans le calme mais a demandé de nombreux ajustements aux forces de police pour sécuriser le périmètre dans un contexte d’urgence attentat. Cette démonstration de force des pompiers lyonnais pourrait présager d’actions plus musclées à l’avenir si leurs revendications ne sont pas prises en compte. «On a beaucoup de collègues au bout du rouleau. Certains sont tellement remontés, épuisés qu’on leur a demandé de ne pas venir ce soir», confie un manifestant.
Selon les syndicats, les effectifs de pompiers ont diminué de 100 postes, passant de 1170 à 1070 en dix ans quand la population locale a progressé de presque 200.000 habitants sur la même période. En 10 ans, le nombre d’interventions est passé de 90.000 à 145.000.