Crise diplomatique avec l'Algérie : l'historien Benjamin Stora appelle Emmanuel Macron à s'exprimer et à "trouver les mots justes" pour apaiser les tensions

L'historien, spécialiste de l'Algérie, Benjamin Stora, a appelé mercredi 26 février sur franceinfo Emmanuel Macron à "parler" et à "trouver les mots justes" pour tenter de régler la crise diplomatique actuelle entre la France et l'Algérie.

Disant n'avoir "jamais connu de crise aussi grave entre les deux pays", l'auteur d'un rapport remis au président de la République en 2021 sur les questions mémorielles franco-algériennes, appelle Emmanuel Macron à s'exprimer rapidement. "À un moment donné, c'est à Emmanuel Macron, qui a joué un si grand rôle sur la volonté de réconciliation avec l'Algérie, de parler sur la position que doit adopter la France", a déclaré l'historien sur franceinfo. "Nous ne pouvons pas rester dans l'attentisme et le silence. Il faut avancer, trouver les mots justes, puisqu'il en va de l'avenir des deux générations de ces deux pays."

"La question du Sahara occidental a mis le feu aux poudres"

Se disant "désolé" de ce très fort regain de tensions entre les deux pays, Benjamin Stora a déploré "des prises de positions politiques qui ont mis le feu aux poudres et qui sont venues percuter ce travail mémoriel, en particulier la question du Sahara occidental". C'est justement sur cette question du Sahara occidental, une question très importante pour l'Algérie et le Maroc, que "la France a penché délibérément du côté du Maroc". Or, selon Benjamin Stora, "il est bien évident que le non-règlement de cette question a mis le feu aux poudres".

"Je n'avais jamais connu une crise aussi grave, une telle escalade et une telle distance entre l'Algérie et la France", a ajouté l'historien, qui travaille pourtant sur les relations entre la France et l'Algérie depuis près d'un demi-siècle. "C'est un peu extraordinaire à vivre. Nous sommes dans une situation extraordinairement difficile aujourd'hui."

"Le problème n'est pas de savoir qui a commencé, on n'en est plus là", a poursuivi l'historien. "Il y a d'abord eu l'arrestation de Boualem Sansal, c'est très important. Mais il y a aussi eu le discours de Rabat d'Emmanuel Macron et le discours très enflammé sur des chaînes de télévision française par rapport à l'Algérie."