Des membres de la famille d’Aboubakar Cissé seront reçus lundi 5 mai 2025 place Beauvau à Paris par Bruno Retailleau, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de BFMTV. Des représentants du Haut conseil des Maliens de France seront également présents à cette rencontre. Le ministre de l’Intérieur a été très critiqué, à gauche et par la famille de la victime, pour ne jamais s’être encore déplacé à La Grand-Combe et ne pas avoir encore reçu les proches du jeune Malien de 22 ans, tué le 25 avril dernier dans la mosquée de la ville du Gard.
La procureure de la République de Nîmes doit tenir une conférence de presse ce vendredi à 19 heures concernant l’histoire. Confiée à un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes, l'enquête a été ouverte ce lundi pour «meurtre aggravé par préméditation et à raison de la race ou de la religion».
Dimanche dernier, Mourad Battikh, un des avocats de la famille de la victime, avait dénoncé l'attentisme du Parquet national antiterroriste (Pnat) face à ce dossier, pour lequel il était toujours «en évaluation vendredi, en lien étroit avec le parquet de Nîmes», selon une source proche du dossier. «Les actes semblent davantage correspondre à un périple meurtrier, dont le premier passage à l'acte, non revendiqué, n'apparaît s'inscrire dans aucune idéologie mais relève plutôt de la fascination morbide», a-t-elle développé. Selon Me Battikh dimanche dernier, en revanche, il ne fait «aucun doute» que le meurtre est «une attaque de nature terroriste» et «la communauté musulmane doit bénéficier du même traitement que tout autre citoyen». Les avocats de la famille Cissé ont annoncé à plusieurs médias leur intention de déposer une plainte avec constitution de partie civile ce vendredi pour que l'enquête soit requalifiée en assassinat terroriste.
En fuite pendant près de trois jours, le meurtrier d'Aboubakar Cissé, lardé de dizaines de coups de couteau le 25 avril vers 9h30 dans la salle de prière de la mosquée Khadidja, à La Grand-Combe, petite commune gardoise de moins de 5000 habitants au nord d'Alès, s'est rendu le 27 avril au soir en Italie, au commissariat de Pistoia, près de Florence, accompagné d'une tante et d'un avocat.
«Ton Allah de merde»
Olivier Hadzovic, un jeune Français de 21 ans également domicilié sur la commune de La Grand-Combe, «a consenti à être remis à la France car il veut rentrer chez lui», a précisé ce mercredi son avocat italien, Me Giovanni Salvietti. «Et donc la procédure d'extradition accélérée a été mise en place, ce qui permettra à Olivier de pouvoir rentrer en France autour de la mi-mai», a-t-il ajouté.
Dans ses premières déclarations aux enquêteurs italiens, le jeune homme a reconnu le meurtre d'Aboubakar Cissé mais nié avoir agi par haine de l'islam, indiquant, selon son avocat, «avoir tué la première personne qu'il a trouvée» sur son chemin. Dans une vidéo qu'il a filmée juste après le meurtre, le meurtrier est pourtant entendu insulter clairement la religion de sa victime agonisante: «Je l'ai fait (...), ton Allah de merde», répète-t-il à deux reprises.
Ce vendredi après-midi, une prière mortuaire devait débuter vers 14 heures à la mosquée de La Grand-Combe, le corps de la victime ayant été rendu à ses proches. Selon une membre du Haut Conseil des Maliens de France rencontrée par l'AFP à La Grand-Combe, Aboubakar Cissé sera inhumé dans son pays, au Mali, dans la localité de Yaguiné, au cœur de la région de Kayes, à une date non encore précisée.