Depuis 2012, et l’entrée en vigueur du règlement européen n° 65/2012 : tous les véhicules (catégorie M1) équipés d’une boîte manuelle doivent intégrer un indicateur de changement de vitesse. Ce système visuel a été conçu dans un but : réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2 en guidant le conducteur vers les moments optimaux de changement de rapport. Une étude universitaire menée par l’Université de Belgrade (publiée en 2017) a confirmé l’efficacité de ce dispositif : les économies de carburant peuvent atteindre 19,9%, avec une moyenne de 5,2%. Des résultats encourageants qui justifient pleinement cette obligation réglementaire.
Un endommagement moteur prématuré
Pour autant, la même étude s’arrête sur un point crucial. Des différences significatives ont été observées entre les points de changement standards (définis par les tests d’émission d’un véhicule en Europe) et ceux recommandés par les indicateurs de changements de vitesse. C’est sur cette question qu’une récente publication du magazine automobile espagnol Motor.es, se demande si suivre aveuglément ces recommandations pourrait endommager progressivement votre moteur.
Passer la publicitéLe constat du magazine espagnol est le suivant : les constructeurs ont calibré ces indicateurs avec un objectif unique en tête - minimiser la consommation lors des cycles d’homologation officiels. Comme l’explique Motor.es, il s’agit de «réduire la consommation moyenne lors du cycle d’homologation, pas préserver votre bloc-moteur». Le principal danger identifié par les experts est le «lugging» moteur. L’indicateur incite le conducteur à passer les vitesses dès 1500 tours par minute, forçant ainsi le moteur à fonctionner à bas régime sous charge élevée.
Quelles sont les conséquences du «lugging» ?
La surchauffe des composants, d’abord. Les cylindres et pistons fonctionnent à des températures anormalement élevées. Les pistons se déplacent lentement tandis que la pression de combustion augmente considérablement, créant une charge excessive sur des pièces qui n’ont pas été conçues pour ces conditions.
Une combustion incomplète, ensuite. Le fonctionnement à bas régime empêche une combustion optimale du mélange air-carburant. Des dépôts carbonés s’accumulent progressivement sur les pistons, les segments, les soupapes, la vanne EGR et le filtre à particules. Ces résidus réduisent l’efficacité du moteur et peuvent provoquer des phénomènes de pré-allumage destructeurs.
Enfin, attention aux vibrations intempestives. Lors d’accélérations en montée ou de dépassements, rester dans le rapport suggéré génère des microvibrations qui se transmettent aux coussinets, supports et au vilebrequin. Ces oscillations accélèrent l’usure de l’ensemble des organes moteur.
Quand faut-il changer de régime ?
Face à ces constats, les spécialistes proposent une approche nuancée. Pour préserver votre mécanique. Pour les moteurs essence : «maintenez le régime entre 2000 et 4000 tr/min, zone où le mélange air-combustible se consume de manière propre», indique Motor.es. Pour les moteurs diesel : «privilégiez une plage entre 1700 et 2500 tr/min, avec un couple suffisant pour ne pas forcer», ajoute le journal espagnol.
Passer la publicitéLa règle d’or toujours selon cette source : le bon rapport de vitesse est celui qui permet d’accélérer sans avoir à écraser l’accélérateur. Si vous devez appuyer fortement sur la pédale pour obtenir une réponse satisfaisante, vous êtes en sous-régime.