Femme enceinte brûlée vive à Metz : le conjoint condamné à 25 ans de réclusion

La cour d'assises de la Moselle a condamné un homme à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa compagne enceinte, vendredi 6 juin, trois ans après l'incendie volontaire de leur appartement, en juin 2022.

La cour a jugé Maroof Easakhail coupable de meurtre sur conjoint et a retenu l'intention de donner la mort, ce que le mis en cause, un homme afghan de 33 ans, avait tenté de nier lors de son procès. La peine est inférieure aux réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé 30 ans de réclusion. Elle est assortie d'une période de sûreté de 12 ans et demi, et d'une interdiction de détenir une arme pendant 15 ans.

Enceinte de cinq mois, Anita Gashi avait été grièvement brûlée et avait perdu le fœtus qu'elle portait le lendemain du drame. La victime, brûlée à plus de 90% au troisième degré, est morte des suites de ses blessures un mois après les faits. Elle n'a jamais pu être entendue.

Une version de l'accusé "emplie de contradictions"

Maroof Easakhail a changé plusieurs fois de version au cours de la procédure. Lors du procès, il a pour la première fois reconnu avoir mis le feu à leur logement, affirmant avoir orchestré avec sa compagne une fraude à l'assurance sans jamais avoir eu l'intention de la tuer. "Nous n'avons pas du tout cru à votre version qui est emplie de contradictions et d'incohérences, c'est un montage, une création, pour vous adapter aux éléments avancés contre vous", lui a répondu le président de la cour, Nicolas Faltot.

Pour l'avocat général Cédric Lausmone, le mobile du crime ne réside pas "dans un contexte de violences conjugales, qui ne sont pas vraiment mises en évidence dans l'enquête", ou dans "la volonté d'Anita Gashi de le quitter, elle voulait un second enfant de lui". L'avocat général a avancé une "hypothèse cynique", celle d'un accusé qui a "voulu se débarrasser froidement de son épouse qui ne lui servait plus à rien, après avoir obtenu son fils et son titre de séjour". 

"Ce qui est insupportable dans sa version sournoise, c'est qu'il inclut Anita", a souligné dans sa plaidoirie Samira Boudiba, conseil de la famille de la victime. "En tuant Anita Gashi, il a tué une partie de son fils", a quant à elle plaidé Zakia Ait Ali Slimane, avocate représentant les droits du premier enfant du couple, un garçon de sept ans.