Un siècle après Toutânkhamon, les archéologues découvrent la tombe perdue du roi Thoutmôsis II en Égypte

Le 4 novembre 1922, l’archéologue britannique Howard Carter faisait la découverte révolutionnaire de la tombe de Toutânkhamon, l’un des pharaons les plus célèbres du monde. Un siècle plus tard, le 18 février 2025, une équipe d’archéologues égypto-britannique, dirigée par le Conseil suprême des antiquités égyptiennes et la New Kingdom Research Foundation, vient de mettre au jour la tombe du roi Thoutmôsis II, comme indiqué dans un communiqué du ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités.

Mise au jour en octobre 2022 à environ 2,4 kilomètres de la vallée des Rois, sur la rive ouest du Nil et dans la région montagneuse de Louxor, il s’agit alors de la dernière tombe royale manquante de la XVIIIe dynastie du Nouvel Empire égyptien. L’équipe de chercheurs a d’abord pensé qu’il s’agissait de la sépulture de l’une des épouses royales des rois Thoutmôsis. La découverte est, en effet, située non loin des tombes des épouses de Thoutmôsis III, mais également de celle de la reine Hatchepsout, indique Mohamed Ismaïl Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités.

Les chercheurs ont mis la main sur des fragments de jarres en albâtre portant le nom du pharaon Thoutmôsis II, ainsi que sur du mobilier funéraire lui appartenant. Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Fille du pharaon Thoutmôsis 1er, cette dernière fut à la fois la demi-sœur et l’épouse de Thoutmôsis II. C’est d’ailleurs pour cela que le règne du quatrième roi de la XVIIIe dynastie fut relativement cours, entre 1492 et 1479 av. J.-C. environ. « Hatchepsout était la première femme dont l’histoire ait gardé le nom », disait l’égyptologue américain James Henry Breasted dans son ouvrage Ancient Records of Egypt, en 1906. Dans l’ombre, il n’a pas su faire autant que son père Thoutmôsis 1er, grand conquérant et bâtisseur de l’empire, et a été dépassé par la réussite de son fils Thoutmôsis III, qui a étendu les territoires du Nouvel Empire égyptien comme jamais auparavant.

« Une première »

Selon les études archéologiques, l’enterrement du roi aurait été supervisé par la reine Hatchepsout. Son tombeau regorgeait de trésors royaux au moment de sa découverte. Les chercheurs ont pu ainsi mettre la main sur des fragments de jarres en albâtre portant le nom du pharaon Thoutmôsis II. Ce sont des inscriptions portant le nom de sa principale épouse royale, la reine Hatchepsout, qui sont venus confirmer l’identité du propriétaire de la tombe. Du mobilier funéraire ayant appartenu au roi a également été retrouvé sur place. C’est « une première », se réjouit le Dr Khaled, car aucun mobilier funéraire de Thoutmôsis II n’était conservé à ce jour dans les musées du monde entier.

« [La tombe] est en mauvais état de conservation en raison d’une inondation survenue peu après la mort du roi »

Mohamed Abdel Badi, chef du secteur des antiquités égyptiennes et co-responsable de la mission

Toutefois, le chef du secteur des antiquités égyptiennes et co-responsable de la mission, Mohamed Abdel Badi, révèle que la tombe était « en mauvais état de conservation en raison d’une inondation survenue peu après la mort du roi ». À l’époque, soit vers 1479 av.J.-C., l’eau a pénétré le tombeau et endommagé l’intérieur. Les équipes archéologiques ont alors mené d’importants travaux de restauration pour récupérer les fragments de plâtre tombés au sol. Ces reliques portent des inscriptions bleues, des motifs d’étoiles jaunes et des parties du Livre d’Amdouat, « un texte religieux associé aux tombes royales de l’Égypte ancienne », précise le communiqué.

Une tombe qui sert d’inspiration

Côté britannique, Piers Latherland note que l’architecture de la tombe, simple en apparence, aurait servi d’inspiration pour les tombes royales ultérieures de la XVIIIe dynastie. Sa particularité ? Elle comporte un couloir plâtré menant à la chambre funéraire. Le sol du couloir est surélevé d’environ 1,4 mètre par rapport au sol de la chambre funéraire. Les chercheurs pensent que ce couloir surélevé a été utilisé pour déplacer le contenu de la tombe, y compris la momie de Thoutmôsis II, après l’inondation.

Le ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, Sherif Fathi, a quant à lui souligné «l’importance de cette découverte pour révéler d’autres secrets et trésors de l’ancienne civilisation égyptienne dans la région ». À noter que la mission, menée depuis deux ans, poursuivra ses travaux avec comme objectif de découvrir d’autres secrets de la région, mais également celui de localiser le dernier lieu de repos du contenu original de la tombe.