Notre critique de Company, à l’Opéra de Massy : une comédie musicale qui vous veut du bien

Notre critique de Company, à l’Opéra de Massy : une comédie musicale qui vous veut du bien

Les quatorze chanteurs de Company, dans la nouvelle production de Génération Opéra. JM Molina

CRITIQUE - Premier succès du compositeur Stephen Sondheim à Broadway, cette œuvre douce-amère n’avait jamais été montée en France. C’est chose faite avec cette fringante production de Génération Opéra, en tournée jusqu’en 2027.

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Chic type, Bobby. Toujours prêt à venir en aide. Pourquoi ne peut-il trouver chaussure à son pied ? À 35 ans, il serait temps de le caser, mais en a-t-il vraiment envie ? Bobby, c’est l’ami qui vous veut du bien. L’arbitre de vos inélégances. Le greffier de vos doléances… Au miroir de sa solitude, on vient contempler la sienne. Mais, avec lui, on est toujours en bonne compagnie. Tel est le point de départ de Company. Premier grand succès à Broadway, en 1970, en tant que compositeur, de Stephen Sondheim.

Dans les facs américaines, ses airs Barcelona, Marry Me a Little ou Another Hundred People sont des standards. En France, l’ouvrage doux-amer n’avait jamais été monté en scénique. Alors que notre pays redécouvre, depuis 2010, la richesse de son œuvre, cette ode à New York, réflexion sur l’amitié, le mariage ou la solitude dit tout de Sondheim. Son sens visionnaire de la prosodie (Getting Married Today et son « flow » surréaliste). Ou sa capacité à enchâsser dans la plus petite dissonance toutes les contradictions du désir masculin (Barcelona).

Une scène de Company, dans la mise en scène vive et colorée de James Bonas, avec ses chorégraphies de lumières. JM Molina

L’énergie de 8 millions d’âmes

Tout cela, l’équipe convoquée par Génération Opéra pour cette première française, où alternent passages chantés en anglais et dialogues parlés en français, l’a compris. À la direction, Larry Blank, ancien collaborateur de Sondheim, sait ménager les équilibres d’un Orchestre national d’Île-de-France en petit comité, mais en grande forme.

Éclats cuivrés rappelant le Bernstein de Trouble in Tahiti (dans la filiation duquel s’inscrit ce Company). Cordes ciselées. Section rythmique apportant ce peps Seventies si novateur à Broadway pour l’époque. Côté mise en scène, James Bonas dit beaucoup avec peu : décors et accessoires minimalistes, mais un usage de la vidéo et une chorégraphie de lumières qui sont l’illustration du syncrétisme musical de Sondheim.

Neïma Naouri brûle les planches dans le rôle pourtant discret de Marta, auquel elle prête son extraordinaire charisme. JM Molina

Les quatorze voix sont dans ce jeu d’équilibriste permanent. On retiendra la Marta de Neïma Naouri, petit rôle mais écrasante de présence théâtrale. L’Amy agile et drôle de Jeanne Jerosme, dont le presque non-mariage est un moment d’anthologie. Jasmine Roy, mentor de toute cette jeune génération dans le domaine de la comédie musicale, est une Joanne idéale de cynisme et de nostalgie. Sans oublier, dans le rôle principal, le ténor délicieusement versatile de Gaétan Borg. Une excellente Company, que l’on retrouvera jusqu’en 2027 sur pas moins de douze scènes lyriques. Prochaine étape ce week-end, à Compiègne.

Company, au Théâtre impérial de Compiègne (60), les 15 et 16 mars. Toute la tournée : www.generationopera.fr