Hugues Portelli: «Comment Emmanuel Macron a tué la Ve République»
La Ve République traverse une crise qui n’est pas simplement politique ou institutionnelle, mais qui atteint le cœur du régime tel qu’il s’est consolidé depuis 1962. Il faut en prendre pleinement la mesure.
En 1962, la double victoire gaulliste au référendum instituant l’élection populaire du président de la République et aux élections législatives qui suivirent la dissolution de l’Assemblée nationale fixa les traits du régime : au sommet des institutions, le président est en même temps chef de l’État et chef de la majorité politique qui gouverne le pays. Cet agencement politique et institutionnel a abouti à une bipolarisation qui a tenu vaille que vaille soixante ans, malgré deux types d’accidents : la défaillance de l’un des blocs en compétition (la gauche), qui a conduit à une bipolarisation ponctuelle avec le centre (1969 : Pompidou/Poher) ou avec l’extrême droite (2002 : Chirac/Le Pen), ou l’absence de majorité parlementaire en cours de mandat présidentiel…