Quand on évoque le mariage du design et de la tech, difficile de ne pas penser à Apple. Depuis que son fondateur Steve Jobs a imploré l’aide d’une foule de designers en 1983, lors d’une conférence à Aspen, pour éviter que les ordinateurs du futur ne ressemblent à « des poubelles », la marque à la pomme n’a eu de cesse de faire de cette discipline l’un des piliers de sa vision, et l’un des ingrédients de son succès.
Un héritage qui s’invite cette semaine dans une sublime salle de l’hôtel de Maisons, dans le 6e arrondissement parisien, dans le cadre de Design Miami.Paris. C’est dans ce bâtiment, ancienne résidence de Karl Lagerfeld, que se déroule la troisième édition de cette itération parisienne de la foire consacrée au design de collection et contemporain, et qui a pour ambition de « présenter des meubles, des luminaires et des objets d’art des XXe et XXIe siècles dignes d’un musée, provenant des meilleures galeries du monde et sélectionnés par des experts, en plus de mettre en avant des collaborations immersives avec des marques de renom. »
Repérer et accompagner des jeunes talents internationaux
C’est dans le cadre de cette grande messe, qui précède l’inauguration d’Art Basel, que la manifestation et Apple ont dévoilé lundi leur initiative « Designer of Tomorrow ». Une collaboration qui entend repérer et accompagner quatre jeunes talents internationaux, leur offrant une scène à la mesure de leur talent. Le jury, composé de onze personnalités du monde du design – dont la directrice de Design Miami, ainsi qu’Alan Dye et Molly Anderson, qui dirigent l’Apple Design Studio – a décidé de mettre en avant les créations de quatre designers mettant en avant l’intégration de l’iPad dans leurs processus de création, illustrant comment la technologie les accompagne dans la réalisation de leurs œuvres. « Ça a été facile car tous les artistes présélectionnés avaient déjà un rapport très naturel avec les appareils d’Apple », affirme Rodman Primack, membre du jury « Designers of Tomorrow » et commissaire de l’exposition. « Il y a une réelle universalité dans le design. Surtout aujourd’hui, où tout le monde utilise ces objets qui donnent accès à des capacités de création. J’espère que les visiteurs quitteront l’exposition inspirés et déterminés à suivre les designers mis à l’honneur, tandis qu’ils poursuivent leur carrière et façonnent nos vies à travers le design. »
Marie et Alexandre, des Français mis à l’honneur
Parmi les heureux élus : Marco Campardo, Jolie Ngo, Duyi Han et les Français Marie et Alexandre. L’une des œuvres mises en avant est un montage de leurs boîtes modulables, réalisées en partenariat avec le verrier italien Glas Italia, initialement créées lors d’une exposition dans l’Appartement 50 de la Cité Radieuse, conçu par Le Corbusier à Marseille. Hommage à l’architecture modulaire de l’urbaniste français, ces boîtes, présentées pour l’occasion sous forme de totem de rangement, peuvent aussi se transformer en bureau grâce à des écrous en laiton dévissables soi-même. « C’était important pour nous de ne rien cacher et de favoriser ce système », explique le duo, qui se partage entre Paris et le sud-ouest de la France. « On essaye de trouver une intelligence dans les objets plutôt que d’être dans la surproduction. »
Une intelligence d’utilisation des matériaux, au cœur de ce qu’a voulu mettre en avant le jury et Apple, qui s’intéressent à la manière dont les artistes et les créatifs utilisent leurs appareils et leurs logiciels. « La technologie nous accompagne tout le temps », estiment Marie et Alexandre. « C’est un dialogue à deux temps : d’un côté, la technologie qui permet de faciliter le travail, la recherche, la documentation ; et de l’autre, cet artisanat très humain et matériel. C’est très important pour nous de préserver ces deux aspects-là. » Une alchimie portée par ces nouvelles générations aussi bien à l’aise dans des ateliers que devant des écrans.