Conclave sur les retraites : François Bayrou veut croire qu'un accord est possible lors de la dernière séance
On comprend bien que le Premier ministre cherche à obtenir un accord, car ce conclave retraite, c’est son idée, sa méthode, son assurance vie. Il a avancé, une prime pour inciter les seniors à rester dans l’emploi, quand ils ont atteint leurs droits à la retraite, histoire de faire passer un peu mieux la pilule des 64 ans, la veille de la dernière journée de négociations du conclave retraites qui se déroule mardi 17 juin.
Mais, syndicats comme patronat, qui ont justement négocié en 2024 sur ce sujet de l’emploi des seniors pendant des mois ne sont pas demandeurs. C’est un peu détricoter ce qu’on a fait, explique un leader syndical, quand du côté patronal, un membre du Medef confie être étonné de cette proposition alors que l’État n’a pas d’argent. Une prime senior de combien ? Financée comment ? D’autant qu’il existe déjà des systèmes de cumul emploi retraite. Pas sûr que l’intervention, voire l’interférence de François Bayrou, ne soit très efficace
La CFDT qui est restée se bat sur la question de la pénibilité
Il faut voir, car si les syndicats ont acté, à contrecœur, que le patronat ne bougerait pas sur l’âge légal de départ à 64 ans, ils se battent pour autres choses : la reconnaissance de la pénibilité, notamment. C’est le point de crispation principal. Le patronat estime avoir fait un grand pas, en acceptant dans le compte pénibilité des critères ergonomiques, mais en échange, il veut enlever tout ce qui peut permettre des départs anticipés au titre de l’usure professionnelle, ce qui est inacceptable pour la CFDT qui en fait un casus belli.
Ces positions peuvent évoluer, car tous ont intérêt à un accord. La CFDT a à cœur de décrocher une victoire, surtout sur la pénibilité, son cheval de bataille. Elle pourrait ainsi montrer qu’elle a eu raison de rester dans le conclave, plutôt que de claquer la porte comme FO et la CGT.
Du côté du patronat, la CPME, et son nouveau président, Amir Reza Tofighi qui représente les petites entreprises, cherche depuis le début, un accord notamment sur la pénibilité, il fait des propositions avec des possibilités de retraites anticipées pour certains salariés dont les médecins constateraient une détérioration de leur santé, à cause de la pénibilité de leur poste.
Le Medef entend montrer qu’il est le syndicat patronal leader
D’ailleurs, on a vu des tiraillements au sein du clan patronal, une fois n’est pas coutume. Cette rivalité interne peut inciter le Medef à accepter un accord, pour bien montrer qu’il reste l’organisation leader, celle qui donne le "la" chez les chefs d’entreprise. S’il ne signe pas, le Medef prend le risque de passer pour un syndicat ringard et de laisser un axe syndicats-CPME s’installer.
Enfin, dernier point : tous entendent bien montrer que les partenaires sociaux sont responsables, capables de sortir des clivages habituels.