Grippe, Covid, bronchiolite : est-il encore temps de se faire vacciner avant les fêtes?
La grippe est bel et bien là et, parmi les personnes concernées par la vaccination, certaines se demandent sans doute s’il n’est pas trop tard. Selon les dernières données disponibles, l’Île-de-France est en effet déjà en phase épidémique depuis une semaine, quand cinq autres régions (Bretagne, Normandie, Hauts-de-France, Grand Est et Auvergne Rhône-Alpes) sont sur le point de la rejoindre. En parallèle, la bronchiolite touche désormais toute la métropole, même si l’épidémie est moins forte que l’année passée. Quant au Covid, il continue de circuler, mais à bas bruit (143 personnes hospitalisées en réanimation la semaine dernière). Est-il encore utile de se faire vacciner alors que ces épidémies ont déjà bien démarré ?
«La réponse est clairement “oui” pour ces trois maladies, atteste le Pr Daniel Floret, professeur émérite de pédiatrie et spécialiste des vaccins. L’épidémie de grippe a déjà bien commencé mais elle va durer encore plusieurs semaines, idem pour la bronchiolite.» D’ailleurs, la campagne de vaccination contre la grippe et le Covid est loin d’être terminée : elle ne prendra fin que le 31 janvier.
Pour rappel, le vaccin contre la grippe ne prend pleinement effet que 10 à 14 jours après l’injection. «Il est urgent que les personnes concernées se vaccinent dès maintenant, afin qu’elles soient protégées pendant la période des fêtes», abonde la Pr Anne-Claude Crémieux, infectiologue et présidente de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de Santé.
Il est urgent que les personnes concernées se vaccinent dès maintenant, afin qu’elles soient protégées pendant la période des fêtes.
Pr Anne-Claude Crémieux, infectiologue et présidente de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de Santé.
Un pic épidémique grippal pendant les fêtes ?
Les fêtes sont en effet particulièrement propices à la diffusion de virus respiratoires. «L’épidémie de Covid nous l’a bien montré, rappelle la Pr Crémieux. C’est un moment de l’année où l’on se rassemble à plusieurs dans des lieux clos. Si on veut pouvoir en profiter sans être malade, c’est maintenant qu’il faut faire le vaccin», poursuit la spécialiste. Selon elle, le pic de l’épidémie grippale pourrait avoir lieu dans les environs des fêtes de fin d’année ou peu après.
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Pour rappel, la campagne de vaccination antigrippale s’adresse aux plus de 65 ans, aux femmes enceintes, aux personnes obèses, immunodéprimées et à ceux souffrant d’autres maladies, notamment cardiovasculaires et respiratoires. «L’insuffisance cardiaque, les problèmes coronariens ou encore la bronchite chronique sont autant de pathologies qui peuvent être fortement aggravées par ces infections virales», illustre la Pr Crémieux.
Même s’il n’est pas efficace à 100%, le vaccin contre la grippe est quand même le meilleur moyen dont nous disposons aujourd’hui pour protéger les personnes à risque.
Pr Daniel Floret, professeur émérite de pédiatrie et spécialiste des vaccins.
À ce stade, l’efficacité du vaccin contre la grippe cette année n’est pas encore connue. «C’est la particularité de ce vaccin : son efficacité varie tous les ans car les souches virales ne sont pas les mêmes d’une année à l’autre», explique Anne-Claude Crémieux. «D’après les données provenant de pays de l’hémisphère sud, qui sont toujours touchés avant nous, nous pouvons nous attendre à une efficacité identique à celle de l’année passée», poursuit l’infectiologue. En l’occurrence, elle était de 44% pour la saison 2023/2024, ce qui signifie que la vaccination a quasiment permis de diviser par deux le nombre de formes graves.
«Même s’il n’est pas efficace à 100%, le vaccin contre la grippe est quand même le meilleur moyen dont nous disposons aujourd’hui pour protéger les personnes à risque», insiste le Pr Floret. D’après le ministère de la Santé, la vaccination antigrippale permettrait d’éviter plus de 2000 décès en moyenne chaque année en France.
La vaccination anti-Covid est moins prioritaire
La campagne de vaccination contre le Covid s’adresse aux mêmes types de population que celle contre la grippe. Les deux injections peuvent d’ailleurs se faire concomitamment. «Chez un médecin, en pharmacie ou par des infirmiers et sages-femmes», précise le Pr Floret. «La réaction inflammatoire peut être un peu plus forte, mais aucun effet indésirable grave lié au fait de recevoir les deux vaccins en même temps n’a été identifié», assure-t-il. La nécessité de se vacciner contre le Covid est moins urgente actuellement que contre la grippe. «La situation est plutôt calme, mais le virus continue de circuler à bas bruit. Il serait surprenant qu’il n’y ait pas une nouvelle flambée épidémique dans les mois qui viennent car de nouveaux variants ne cessent d’apparaître», souligne toutefois Daniel Floret, qui rappelle l’intérêt de se vacciner aussi contre le Covid.
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Dernier arrivé des vaccins contre les virus respiratoires : celui contre le virus VRS à l’origine de la bronchiolite, disponible depuis quelques mois seulement. «Il est utile aux deux extrémités de la vie: pour les bébés de moins d’un an si leur mère n’a pas été vaccinée à la fin de sa grossesse, ainsi que pour les personnes de 75 ans et plus, car toutes les études montrent une augmentation importante des hospitalisations et des décès dus à ce virus à partir de cet âge», explique la Pr Crémieux. Ce vaccin (Arexvy ou Abrysvo) - remboursé à hauteur de 30% par l’Assurance maladie, une prise en charge éventuellement complétée par la mutuelle - est aussi recommandé dès 65 ans en cas de maladies respiratoires ou cardiaques chroniques (en particulier la BPCO et l’insuffisance cardiaque...). «Nous sommes en pleine période épidémique de la bronchiolite, il est urgent pour les personnes à risque de se protéger», insiste le Pr Floret.