Le prodige espagnol Carlos Alcaraz s’est «recentré sur les choses importantes» et a de nouveau gagné, dimanche, sur la terre battue de Monte-Carlo. Critiqué après un début de saison loin des attentes, il a réussi à s’imposer pour la première fois sur le Rocher mais sans forcément s’employer face à l’Italien Lorenzo Musetti, blessé dans le deuxième set. Le seizième joueur mondial, très soutenu en tribunes, avait pourtant remporté la première manche avant d’être physiquement diminué et de céder sans proposer d’adversité (6-3, 1-6, 0-6, en 1h47).
«Quand les gens ont de très grandes attentes à votre égard alors que vous ne gagnez pas de tournois ou de matchs, disons qu’ils parlent beaucoup. Donc je me suis simplement rendu compte que je n’avais pas à penser à tout ça et que je devais juste me concentrer sur moi-même», a expliqué Carlos Alcaraz en conférence de presse, désormais décidé à «ne penser à rien d’autre qu’à profiter sur le court» et à «montrer du bon tennis», faisant ainsi un peu de méthode Coué.
L’Espagnol de 21 ans a reconnu une «pression» d’être en finale de ce mythique tournoi après «un mois difficile». «J’étais très nerveux», a-t-il évoqué concernant son premier set, où l’Italien, d’abord breaké, a renversé la tendance. «Il s’agissait de voir qui allait le mieux gérer ses nerfs. Je pense qu’il s’en est plutôt bien sorti, bien mieux que moi», a admis Carlos Alcaraz. «Tactiquement, je n’ai pas bien joué, je jouais probablement sur son meilleur coup et j’étais le premier à faire la faute», a-t-il poursuivi, agacé par ses nombreuses «erreurs».
Peu importe ce qu’il se passe, que je gagne ou que je perde, je dois juste quitter le court heureux.
Carlos Alcaraz
En «prolongeant les échanges», l’Espagnol a réussi à reprendre rapidement l’ascendant dans le deuxième set. «Je pense que j’ai vraiment bien commencé, cela m’a beaucoup aidé à retrouver un bon rythme», a-t-il décrypté. Avant la très probable blessure de son adversaire lors d’un long point, touché à la cuisse et certainement aussi très fatigué des 14 sets déjà disputés depuis le début de la semaine.
Avec cette victoire en Masters 1000, Alcaraz, déjà vainqueur quatre fois en Grand Chelem, va récupérer la deuxième place mondiale. À un peu plus d’un mois de Roland-Garros, où il est tenant du titre, et tournoi lors duquel il pourrait retrouver le numéro un Jannick Sinner qui aura terminé sa suspension pour dopage.
«Les gens attendent beaucoup de moi, ils espèrent que je fasse une très bonne saison sur terre battue. Mais une chose que j’ai apprise le mois dernier, c’est que je dois penser à moi, à mes proches, à mon équipe. Peu importe ce qu’il se passe, que je gagne ou que je perde, je dois juste quitter le court heureux», a répondu le natif d’El Palmar, au sud de Valence. «J’essaierai de continuer de la même manière et ne pas penser aux attentes», a-t-il insisté.
20 ans après Nadal
Jusqu’à assumer que le classement ATP «n’est plus [sa] priorité». «Jannik et moi, oui, c’est probablement ce que les gens veulent en finale. Alors, nous verrons», a conclu, non sans un petit sourire, Carlos Alcaraz dans l’attente de retrouver la terre battue parisienne.
Il y a vingt ans, Rafaël Nadal s’imposait pour la première fois à Monte-Carlo. Onze autres titres ont suivi en Principauté, dont huit consécutifs de 2005 à 2012. De quoi donner des idées à Carlos Alcaraz ? «J’aimerais bien ! Mais honnêtement, je pense que c’est impossible (rires)», a-t-il réagi. «Je viens d’avoir 21 ans, donc j’espère que je jouerai ce tournoi les 10 ou 15 prochaines années. Alors voyons si je peux en obtenir au moins un de plus...»
«Carlos est déjà une légende de ce sport, sur le court, on sent parfois son aura si j’ose dire», a commenté Lorenzo Musetti, qui pourtant, a assuré qu’il jouait «son meilleur tennis» dans la première manche. Prochaines étapes de la saison sur terre battue : Barcelone, Madrid et Rome.