Immigration : la Pologne refuse de mettre en œuvre le pacte européen et s’aligne sur Budapest
Deux mois après son arrivée au pouvoir, le président polonais Karol Nawrocki s’oppose fermement au pacte européen sur la migration et l’asile. Soutenu par Viktor Orbán, il rejette la relocalisation obligatoire de migrants.
Passer la publicité Passer la publicitéLe bras de fer avec Bruxelles est officiellement acté. Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen datée du 7 octobre et rendue publique le jeudi 9 par son chef de cabinet Paweł Szefernaker sur X, le président de la République de Pologne Karol Nawrocki a réaffirmé son refus catégorique du pacte européen sur la migration et l’asile.
«La sécurité intérieure avant tout»
«Je ne consentirai pas à la mise en œuvre du pacte sur la migration et l’asile en Pologne», écrit le chef de l’État, en fonction depuis le 6 août 2025. Le président précise également qu’il s’attend à ce que la Commission européenne prenne en compte la position polonaise dans l’élaboration de ses prochains plans migratoires. Une position conforme à ses promesses de campagne, alors qu’il s’était engagé à s’opposer frontalement au dispositif adopté par l’Union européenne pour mieux répartir l’accueil des demandeurs d’asile entre États membres.
Passer la publicitéSelon Polskie Radio, l’organe national public de Pologne, Marcin Przydacz, chef du Bureau présidentiel pour la politique internationale, a jugé la lettre opportune alors que la Commission européenne s’apprête à présenter ses projets migratoires annuels avant le 15 octobre. Avant de s’envoler avec le président pour l’Estonie, il a précisé que la Pologne «n’accepterait aucune décision qui porterait atteinte à sa sécurité intérieure». Même tonalité du côté du ministre de l’Intérieur, Marcin Kierwiński, qui a assuré que Varsovie soutenait la coopération européenne, tout en rejetant toute disposition obligeant les États membres à relocaliser les migrants.
Viktor Orbán salue une «rébellion»
La réaction ne s’est pas fait attendre en Hongrie. Le premier ministre hongrois Viktor Orbán, fidèle opposant aux politiques migratoires de l’UE, a publiquement soutenu son homologue polonais : «L’Europe est en train de basculer : le président Nawrocki refuse de mettre en œuvre le pacte migratoire en Pologne. Nous le refusons aussi. Nous sommes désormais deux. Si un troisième nous rejoint, ce sera déjà une rébellion», a-t-il déclaré sur X.
S’il ne peut pas, à lui seul, retirer la Pologne du pacte européen, rappelle Euractiv, Karol Nawrocki entend bien bloquer le mécanisme de relocalisation obligatoire des migrants. Dans sa lettre, il reconnaît que la migration irrégulière constitue un défi européen, mais estime que la réponse doit se situer à la source, en s’attaquant aux passeurs et en renforçant la protection des frontières extérieures.
Varsovie se dit toutefois prête à coopérer sur d’autres aspects : partage d’informations, opérations conjointes, ou assistance technique aux pays sous pression migratoire. Mais elle refuse toute contrainte imposée par Bruxelles, rejoignant ainsi la position de la Hongrie, qui réclame une dérogation au traité adopté en mai 2024.
Budapest, qui défend une Europe «chrétienne» et s’oppose à l’accueil des demandeurs d’asile, a déjà été condamné à plusieurs reprises par la justice européenne pour non-respect du droit de l’UE.