REPORTAGE. "On m'a proposé un poste de maroquinier, mais ce n'est pas mon projet" : les défis de la recherche d'emploi en milieu rural

La double peine des chômeurs en milieu rural. Les difficultés s'accumulent pour ces Français qui vivent à la campagne : à la précarité s'ajoutent un isolement géographique et très peu d'offres de travail. Certains territoires ruraux connaissent même une hausse des personnes à la recherche d'un emploi, comme en Dordogne. Fin 2024, ce département comptait 16 800 chômeurs sans aucune activité (catégorie A), soit près de 2 000 de plus qu'au trimestre précédent.

Il y a deux ans, quand son conjoint trouve un emploi en Dordogne, Marie, la cinquantaine, n'hésite pas à le suivre. Elle quitte alors une ville du sud-ouest et un poste dans les ressources humaines. "Mon projet était de créer une entreprise dans l'accompagnement managérial, donc un service proposé aux entreprises", explique-t-elle à franceinfo. Mais, rapidement, elle se rend compte que le marché autour de Périgueux est bouché. 

"Mon profil n'est pas adapté au bassin d'emploi local. J'ai travaillé dans des grandes entreprises de plus de 1500 salariés. En Dordogne, il n'y en a pas beaucoup... On m'a proposé un poste de maroquinier, mais ce n'est pas mon projet", souligne-t-elle.

"Je n'en dormais plus la nuit"

Un manque d'offres que subit également Tatiana dans le milieu médical. Avec seulement 600 euros d'allocation de solidarité spécifique, elle doit restreindre sa zone de recherche à une vingtaine de kilomètres autour de chez elle. "Je vois le prix de l'essence à chaque fois. Je me prive de beaucoup de choses pour pouvoir payer mon plein. J'essaie vraiment de faire des restrictions sur la nourriture, par exemple...", confie-t-elle. Mais pendant deux ans, les refus se multiplient : "Les factures qui s'accumulent, les loyers en retard... C'est comme une épée de Damoclès. Je n'en dormais pas la nuit", précise Tatiana.

Et puis, un jour, elle découvre par hasard l'association Solidarités nouvelles face au chômage, qui lui propose d'être accompagnée plusieurs fois par mois par deux bénévoles. Une écoute, des conseils et des ateliers pour valoriser son CV : "Il était trop chargé !, se souvient Tatiana. Donc il fallait plus cibler, enlever des choses. On a bien allégé tout ça. On a retravaillé le CV. J'ai quand même été au moins appelée deux fois pour des entretiens."

Mieux encore : il y a quelques jours, elle a décroché un emploi, comme plus de la moitié des personnes suivies par l'association. Mais ce qui rend surtout fier son coresponsable en Dordogne, François, c'est de voir ces chômeurs retrouver le sourire.

"Avant même de parler de technique de recherche d'emploi, c'est sortir la personne de son isolement. Je suis persuadé que ce simple petit moment passé déjà de façon conviviale autour d'un café est extrêmement positif."

François, de l'association Solidarités nouvelles face au chômage

à franceinfo

Aujourd'hui, l'association suit une dizaine de demandeurs d'emploi, avec des demandes de plus en plus compliquées. À tel point que, souvent, les bénévoles doivent les renvoyer vers les services sociaux ou d'autres associations plus spécialisées.