Charlie Hebdo, 10 ans après : « L’État de surveillance », comment l’exception est devenue la norme
Le 7 janvier 2015, le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo a fait basculer la France dans une nouvelle ère. Celle de la menace terroriste constante, que les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis, puis du 14 juillet 2016 à Nice, viendront confirmer de manière affreusement spectaculaire. Les djihadistes ne cherchaient pas une victoire militaire en ensanglantant ces villes, mais bien l’affaiblissement de la société tout entière, du modèle démocratique, par la peur.
De fait, dix ans après, la France s’est crispée. Les lois de renforcement sécuritaire se sont succédé, rognant les libertés publiques. À l’émotion a presque toujours répondu une surenchère législative. Ces lois, qui devaient être dérogatoires et exceptionnelles, ont été non seulement pérennisées, mais également élargies bien au-delà de la seule menace terroriste. Ce qui a fait dire à la juriste Mireille Delmas-Marty (décédée en 2022) que « nous sommes passés de l’État de droit à l’État de surveillance ».