Budget : la situation est «entre préoccupante et grave», alerte Pierre Moscovici
La situation, si elle n’est «pas critique», est entre «préoccupante et grave.» Elle est même «un peu plus grave qu’il y a un an», a jugé sur LCI ce matin le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici.
Pour lui, la ligne est claire: il faut garder l’objectif budgétaire de passer sous les 3% de déficit en 2029. Or le PS, qui s’est dit prêt à gouverner, a présenté hier son plan budgétaire dans lequel il propose une réduction du déficit de 21,7 milliards d’euros l’année prochaine, soit deux fois moins que les prévisions de François Bayrou (44 milliards d’euros), avec pour ambition un déficit à 5% du PIB pour 2026 et 2,8% en 2032. Le passage sous les 3% se ferait donc en 2032 plutôt qu’en 2029. «Aller plus loin que 2029 n’est pas raisonnable, pourquoi attendre 2032 ?» s’est interrogé Pierre Moscovici. Si on s’éloigne de cette trajectoire, «on aura des problèmes» tance-t-il.
Passer la publicitéL’ancien ministre de l’Économie a rappelé l’importance de trouver «un budget dans les temps», face à une situation financière qui n’est «pas critique, mais tout de même préoccupante». La situation est «difficile sur le plan financier et tendue sur le plan politique, et les deux vont de pair». «Si on n’a pas de budget on ne peut pas mener les politiques dont le pays a besoin». Il a appelé à «corriger la trajectoire», tout en rappelant les délais contraints : «Il y a une contrainte prévue par la Constitution et par les lois organiques de finances selon laquelle le Parlement doit disposer de 70 jours de débats, ce qui veut dire que nous avons jusqu’au 15 octobre pour avoir un budget», a-t-il détaillé, alors que le vote de confiance sur le gouvernement de François Bayrou doit se tenir le 8 septembre.
«Non, le FMI ne viendra pas à Paris»
Dans un contexte politique fragmenté, Pierre Moscovici a insisté sur l’importance de trouver un compromis. «Cela ne peut pas être le budget des uns ou des autres, pour une raison simple c’est que le Parlement est tripartite. Il faut forcément un compromis et donc que chacun y retrouve une partie de ses idées.»
Il s’est toutefois voulu rassurant, assurant que, «non, le FMI ne viendra pas à Paris» car «nous ne sommes pas du tout dans la situation de la Grèce». Le vrai problème a-t-il expliqué, est le coût de la dette. Cette dernière est détenue «entre 53% et 55% par les étrangers, qui nous regardent», et qui «renchériront le coût de la dette s’ils estiment que nous ne sommes pas crédibles». La charge de la dette est passée de 21 milliards d’euros en 2021 à 63 milliards d’euros en 2025 a-t-il rappelé. Or elle pourrait «devenir le premier poste budgétaire de la nation en 2026» si la tendance n’est pas corrigée. Ceci engendrerait, a insisté Pierre Moscovici, un fort questionnement sur la crédibilité de la France, qui a alerté sur «l’effet boule de neige de la dette ». «À un moment donné attention à l’avalanche car elle se déclenche d’un coup. »