Top 14 : «Le crash test c’est dimanche», prévient Collazo avant Racing 92-UBB

La victoire à Clermont, un déclic ?

«Avant de parler de rugby, il faut parler d’attitude. Après, on peut parler de stratégie, de faits de jeu. Mais s’il n’y a pas l’attitude, on ne peut parler de rien. Pour ça, l’équipe a répondu présent. Ne serait-ce, au moins, que sur la dernière action du match, où on défend pendant 31 phases de jeu sans se mettre à la faute. Donc, c’est positif. Après, bien sûr, on est passé par des phases compliquées pendant le match, notamment quand on défend devant notre ligne avant la mi-temps. Mais on n’a pas encaissé d’essai. Donc, ça nous a permis d’être là où on voulait être à la mi-temps. Sur la stratégie de deuxième mi-temps, il fallait être hyperclinique et pragmatique, comme il faut l’être à l’extérieur. Parce qu’on n’a pas 50 opportunités, surtout dans un contexte comme à Clermont, où on avait besoin de points.

Il a fallu construire le match, mettre une certaine mentalité. Et surtout, la maintenir pendant 80 minutes, c’est ce que l’équipe a su faire. Même dans les moments critiques. La deuxième mi-temps nous a permis de reprendre l’avantage et de le garder. Ce sont des victoires qui font du bien au groupe, à l’équipe, à tout un club. Et on a vu une belle image du Racing. Et ça, c’était le plus important.»

L’option gagnante du banc XXL

«Plusieurs joueurs revenaient de blessure ou de l’équipe de France. On avait fait l’erreur de mal les intégrer avant le match contre Pau (défaite 29-47 à Paris La Défense Arena, NDLR). Ils étaient revenus, on les a sollicités, remis dans le truc de suite, alors qu’ils n’étaient pas avec nous auparavant. Mais pour que ces joueurs-là aient un impact, il faut que le collectif joue aussi à un certain niveau. On ne peut pas tout attendre d’eux. Il faut les mettre dans les bonnes conditions. On les avait récupérés au milieu de stage (au Cap Ferret). Ils sont arrivés le dimanche dans l’après-midi. Ils étaient un peu décalés par rapport aux autres. Le lundi, ils ne se sont pas entraînés. Ils ont commencé à être avec le groupe le mardi. Mais on a travaillé sur ce qu’on veut faire sur notre fin de saison, sur comment on veut fonctionner. Avec qui, quoi, quels leaders, tout ça... Donc on a mis pas mal de choses à plat. On est revenus sur le match de Pau parce qu’il fallait un peu y revenir. De manière un peu sporadique. On a redéfini des nouveaux «process» qui doivent nous emmener jusqu’à la fin de la saison.

L’idée c’était aussi d’avoir une stratégie en fonction de l’instant T, du contexte de Clermont, du retour de certains joueurs. Après attention, il faut que ça se traduise sur le terrain. Si la photo elle est belle mais qu’il ne se passe rien... Si le banc a apporté, ça veut dire aussi que pendant 40 minutes ou 45 minutes, l’équipe a fait ce qu’il fallait aussi. On a retrouvé un certain équilibre. Et on s’en est remis au collectif, pas aux individualités. Chose que je n’avais pas maîtrisée sur la semaine avant Pau. On ne les avait pas mis dans les meilleures conditions pour qu’ils apportent quelque chose à l’équipe. C’est là que je me suis trompé.»

Le «crash test» de dimanche face à Bordeaux-Bègles

«Il y a des choses qu’on peut faire évoluer. Si on fait évoluer notre mentalité, je pense que les choses vont rentrer dans l’ordre. Le match de Clermont l’a encore mis en évidence. Mais le crash test, c’est dimanche. Ils sont deuxièmes du championnat, ils ont la deuxième meilleure attaque à l’extérieur, la deuxième meilleure défense. Que dire de plus ? Par contre, ce week-end, j’ai vu une première mi-temps de Bordeaux stratosphérique. Et après, j’ai vu une réaction de Toulouse. Avec non pas une équipe de doublons mais une équipe de «triplons». Il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de jeunes... Quand on regarde ce match, il y a beaucoup d’enseignements à en tirer.

Pour connaître un peu, voir très bien, Yannick (Bru , le manager de l’UBB, son ancien coéquipier à Toulouse, NDLR), à mon avis, il a dû faire une croix pour cocher ce match contre nous. Mais c’est normal qu’il fasse une croix, parce que beaucoup d’équipes sont venues gagner au Racing. Je pense que le scénario qu’il y a eu ce week-end, à mon avis, ça a dû l’agacer. Et il n’a pas manqué de leur dire. Je m’attends à un match contre une UBB conforme à son standing, à une équipe deuxième du championnat qui vient chez le douzième. Donc rien de nouveau sous le soleil. Pas de surprise.»

Le retour de blessure d’Owen Farrell

«Owen revient d’une longue blessure, il s’est fait opérer (des adducteurs). Il a repris et ça ne s’est pas très bien passé physiquement. Donc au niveau du rugby, ça ne pouvait pas bien se passer. (Le fait de l’aligner au centre) C’était pour le décharger d’une partie du jeu au pied. On va repartir sur un process pour le reconstruire, l’emmener à pouvoir être très performant à son poste, qui est le numéro 10. Après, 10 ou 12 pour Owen, il n’y a pas de problème. Il a des sélections en 12, il y a très souvent joué. C’était juste pour qu’il se concentre sur un truc et qu’il soit soulagé sur un autre, parce qu’il est en phase de reprise. On ne pouvait pas le faire jouer 50 ou 80 minutes quand il a repris pour qu’il replonge derrière. Donc, on va construire avec lui son retour. Il n’est pas exclu qu’on le revoie au poste de 12, comme il peut rentrer en 10. Et ça lui a posé zéro souci.

C’est marrant, parce que, quand je lui ai dit «ce week-end, ce sera 12», j’ai ajouté : «On est sur quel profil ? Cinq-huitièmes (deuxième ouvreur comme disent les Anglo-Saxons, NDLR) Et il m’a répondu : «Non, rugby league (rugby à XIII, NDLR) Il avait planté le décor, il a beaucoup d’humour. Mais c’est pour lui laisser le temps. Dans le jeu au pied, il est en phase de reprise, cela sollicite ses adducteurs. On ne veut pas repartir en arrière, on a besoin de lui. Le club a besoin de lui, l’équipe a besoin de lui. Il est content de se voir sur le terrain. Il est content d’être au milieu de l’équipe. Et l’avantage avec les grands joueurs, c’est que le poste, pour eux, ça n’a pas d’importance.»

Jordan Joseph déplacé en deuxième ligne

«Cela correspond aux qualités du joueur. Comme je dis souvent, on prend la topographie d’équipe. Le plus solide, c’est Romain Tao (Taofifenua), le deuxième c’est Jordan. On n’est pas sur le même profil mais je parle en termes de densité, de mecs massifs. Il y a des similitudes. Je trouve que le faire jouer à ce poste-là, de manière sporadique, fait que ses qualités s’expriment aussi. Parce qu’il est dans le trafic. On l’a vu à Clermont, il a gagné 85% de ses collisions. C’était l’avant qui a gagné le plus de collisions avec et sans ballon. Ça veut dire qu’il travaille avec ses qualités. Il est efficace au contest, au plaquage pour bloquer les attaquants sur le haut du corps. En mêlée, je vous confirme que tous les piliers sont contents (sourire). Quand vous avez 125 chevaux qui poussent au cul, quand vous voyez le train moteur qu’il a, ils sont contents. Pourtant, le matin du match, il était bloqué du dos, il a failli ne pas jouer. Il a fait 45 minutes, il est sorti, il est rentré, il a fait un contre-ruck à la fin. Je trouve qu’il peut s’exprimer aujourd’hui aux deux postes. On le reverra en troisième ligne aussi.

Mais dans la configuration qu’on a eue sur les matches contre Clermont et La Rochelle, des équipes denses, il a été très performant. Pourtant, c’est un poste nouveau pour lui. Mais je pense que, lui aussi, il commence à y trouver son compte. On ne peut pas changer un joueur de poste sans en parler avec lui avant et avoir son «approbation», sinon c’est contre-productif. Au début, il a été surpris. Mais, pour moi, il peut jouer sur les deux positions. Je pense que plus ça va aller, plus il va faire des matchs de très haut niveau. Et ça lui servira quand il jouera en troisième ligne et ainsi de suite...»

Propos recueillis en conférence de presse