Le Hellfest s’offre une nouvelle polémique en conviant un batteur condamné pour meurtre

Comme la tenue de certains de ses aficionados, le cinquième festival français a prouvé ces dernières années qu’il avait le cuir épais. Les polémiques qui l’ont visé n’atteignent pas son succès. L’édition 2025 du Hellfest, qui se tient du 19 au 22 juin à Clisson, près de Nantes, en connaît déjà une. Un concert auquel participe un musicien condamné, par le passé, à quatorze ans de prison.

Le batteur norvégien Bård Eithun est l’auteur, en 1992, du meurtre d’un homme homosexuel qui lui aurait fait des avances. Alors âgé de 18 ans, il lui avait infligé 37 coups de couteau. Le pedigree du musicien, retrouvé par Mediapart, a soulevé la colère d’une association LGBT des Pays de la Loire. L’organisme, baptisé Qui nous aime nous suive, a exigé « des excuses publiques du Hellfest », estimant la symbolique pour le moins regrettable.

Marylin Manson refusé

En décembre 2024, Le Parisien  interrogeait le directeur et cofondateur du Hellfest, Ben Barbaud, sur le sujet des invitations controversées. En l’occurrence, celle du chanteur du groupe Rammstein, Till Lindemann, accusé de viols par plusieurs femmes et programmé cette année. « Je ne suis pas juge, mais directeur et programmateur de festival. Les poursuites judiciaires contre lui ont été abandonnées par le parquet allemand, faute de preuves. Et moi, j’invite les artistes que les gens ont envie de voir… », répondait-il.

Ben Barbaud, qui gère la manifestation depuis 2006, prenait le soin de préciser : « Cela dit, je fais au cas par cas, je ne suis pas là non plus pour provoquer les militants. Cette année, j’ai refusé Marilyn Manson. » Cette superstar du hard rock a été accusée d’agressions sexuelles et de violences domestiques. Les charges ont été abandonnées, en raison de leur prescription ou d’insuffisance de preuves.

La direction du Hellfest aura donc estimé que le pedigree de Bård Eithun, connu pour avoir été le batteur du groupe Emperor, ne pose pas de problème. Le meurtrier avait évoqué après son incarcération une « erreur fatale », reconnaissant que « les choses avaient mal tourné » dans sa jeunesse. Il ajoutait aussi, visiblement avare de ses remords, que « la vie est trop courte pour s’inquiéter de ses erreurs ».

Autre casier judiciaire rempli cette année, celui de Ronnie Radke, en concert le 22 juin. Le leader du groupe américain Falling in Reverse a fait l’objet d’une condamnation, en 2006, à la suite d’une altercation entre deux groupes qui avait laissé pour mort un jeune homme.

Inscriptions antisémites

D’autres programmations ont suscité des critiques par le passé. Il y a deux ans, le Hellfest conviait Tommy Lee, batteur de Mötley Crüe, condamné en 1998 à quatre mois de prison pour violence conjugale sur Pamela Anderson. Quant au chanteur et guitariste Tim Lambesis, invité la même année, il avait plaidé coupable pour avoir tenté d’engager un tueur afin d’assassiner son ex-épouse.

Au sein de ce festival monstre, qui met entre 150 et 200 artistes à l’affiche, devant plus de 200 000 spectateurs, la présence du groupe polonais Down avait posé question, en 2016. Quelques semaines avant sa venue, son chanteur avait fait un salut nazi et crié « white power » lors d’un concert. Pour défendre son maintien, Ben Bardaud avait mis en avant les excuses formulées par ce musicien « sulfureux », provocateur, mais pas « antisémite ».

Face au mécontentement du président de la région de l’époque, le patron de la manifestation ajoutait que « ce n’est pas M. Retailleau, qui n’est jamais venu au Hellfest, qui ne connaît rien à cette musique, qui va exiger sa déprogrammation ». Dans le même registre, un bénévole a été photographié, en 2022, avec des tee-shirts aux inscriptions antisémites. Selon les informations de Libération, l’individu avait été rapidement congédié.

Le Hellfest, ce festival où la musique n’adoucit visiblement pas toujours les mœurs, accueillera fin juin des mastodontes comme Scorpions, les Sex Pistols, Eagles of Death Metal ou encore Cypress Hill. La présence de Muse, groupe britannique de rock alternatif, montre d’ailleurs que le festival élargit ses frontières pour viser un public toujours plus large.