Si la voix d’Herbert Léonard a marqué des générations, peu savent qu’il nourrissait une autre passion : l’aviation. Le chanteur de Pour le plaisir, décédé dimanche 2 mars des suites d’un cancer du poumon à 80 ans, était aussi un spécialiste de l’aéronautique soviétique de la Seconde Guerre mondiale.
Durant les années 1970, après deux albums sans grand succès et un accident de la route, Herbert Léonard se consacre pleinement à sa passion pour l’aviation. Il travaille comme pigiste pour Aviation Magazine (acquis en 1991 par Air & Cosmos), où il s’intéresse à l’aviation soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. « Il a participé à la rédaction d’une centaine d’articles, entre 1970 à 1980 », explique Antony Angrand, journaliste au magazine Air et Cosmos. Herbert Léonard écrit principalement dans les dernières pages du magazine, consacrées à l’histoire de l’aviation.
« Derrière une couche d’humour, Herbert travaillait avec un sérieux absolu. »
Antony Angrand, journaliste
Sa passion pour ce domaine le conduit à écrire également plusieurs ouvrages, faisant de lui un spécialiste français des avions soviétique. Parmi ses écrits, on trouve Les avions de chasse Polikarpov (1981), une étude approfondie des chasseurs conçus par Nikolaï Polikarpov. « C’est un ouvrage important et nécessaire », souligne Antony Angrand. « Il a publié ce livre au moment où les données de l’URSS étaient très peu accessibles. Je pense qu’il avait un correspondant en URSS, qu’il aurait rencontré lors d’une tournée », ajoute-t-il. Le journaliste le décrit comme un « professionnel à la britannique. Derrière une couche d’humour, Herbert travaillait avec un sérieux absolu ».
Même après ses années de gloire, entre 1980 et 1990, Herbert Léonard continuait de nourrir sa passion pour l’aviation. Dans les années 2000, il poussait régulièrement les portes du magazine Air et Cosmos (12 000 exemplaires, hebdomadaire), non pas en tant que star de la musique, mais comme passionné avide de discussions techniques et d’anecdotes aéronautiques. « Ils venaient tous les six ou dix mois prendre des nouvelles de ses anciens collègues », explique Antony Angrand. Ce dernier s’était rendu chez lui en 2002. Il se souvient de sa « bibliothèque bien garnie », et de ses plans « qu’il réalisait lui-même au tire-ligne ».
Outre son œuvre musicale, Herbert Léonard laisse derrière lui une bibliographie écrite avec passion. Si cette activité ne lui a pas permis de faire fortune comme sa carrière d’artiste, elle offre une trace durable dans la compréhension de l’histoire de l’aviation militaire soviétique.