Bruno Retailleau et Marine Le Pen plaident en faveur d’une consultation sur l’immigration

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et la chef de file des députés RN Marine Le Pen. ALAIN JOCARD / AFP

Lors de ses vœux du nouvel an, le président de la République a annoncé qu’il demanderait aux Français cette année de «trancher» des «sujets déterminants». Sans préciser lesquels.

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Après sa promesse du 31 décembre, Emmanuel Macron sait qu’il est attendu au tournant. Privé de sa majorité à l’Assemblée nationale depuis les législatives anticipées de 2024, et donc entravé dans ses marges de manœuvre, le président de la République espère encore retrouver un peu d’oxygène en ayant recours à l’une de ses prérogatives : celle de consulter les Français. Lors de ses vœux télévisés la semaine dernière, le chef de l’État a promis de leur «demander» de «trancher» certains «sujets déterminants» pour l’année qui vient.

Reprendre la main

Une formule volontairement vague qui ouvre la voie à des référendums ou conventions citoyennes sur les «choix à faire pour notre économie, notre démocratie, notre sécurité, nos enfants». Manière pour Emmanuel Macron, plus affaibli que jamais, de tenter de reprendre la main. Dans le dernier sondage Odoxa Backbone-Consulting pour Le Figaro , 61% des Français se disent favorables à une démission du chef de l’État.

Si l’Élysée refuse d’en dire davantage sur les intentions présidentielles, le ministre de l’Intérieur a une petite idée en tête. Dans une interview accordée au Parisien ce lundi, Bruno Retailleau dit sa préférence pour une consultation sur l’immigration dans l’hypothèse où Emmanuel Macron redonnerait en effet la parole aux électeurs. «Il n’y a pas de phénomène qui ait autant bouleversé la société sans que jamais, le peuple français n’ait eu son mot à dire», a-t-il justifié.

Problème selon le ministre de l’Intérieur, ce type d’expression est incompatible avec le texte fondamental de 1958, qui encadre dans son article 11 les champs d’application du référendum. À savoir : «Tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la Nation et aux services publics qui y concourent.» Ce qui exclurait a priori toute consultation sur l’immigration. «Il faudrait une révision constitutionnelle pour le faire», laisse entendre l’hôte de la place Beauvau... sans s’aventurer davantage sur ce qui relève d’une décision souveraine du chef de l’État. 

«Il est comme ça...»

Balayant la querelle juridique sur la faisabilité d’un tel scrutin, Marine Le Pen a exhorté lundi soir le président de la République à organiser un référendum sur la question migratoire. Depuis Mayotte, où elle effectue une visite après le cyclone meurtrier qui a ravagé l’île mi-décembre, la chef de file des députés RN n’y est pas allée par quatre chemins. «C’est un sujet qui touche à l’organisation de la société et à celle des services publics. Ça fait 40 ans que les Français disent qu’il faut moins d’immigration, et ça fait 40 ans qu’on continue l’immigration inéluctablement sans jamais prendre en compte leur avis», a-t-elle exigé sur BFMTV. Avant d’émettre de sérieux doutes sur la volonté réelle d’Emmanuel Macron d’organiser ce référendum : «Il est comme ça, on ne va pas le changer au bout de sept ans et demi de mandat.»