Édito. À Mormant-sur-Vernisson, Marine Le Pen et Jordan Bardella veulent montrer que le RN n'est ni isolé, ni divisé
L’extrême droite européenne se réunit lundi 9 juin au cœur du Loiret à Mormant-sur-Vernisson, un village de 133 âmes à l’année, que le RN veut transformer, le temps d’une journée, en capitale de l’extrême droite européenne. Le Rassemblement national organise ce rendez-vous, en souvenir de la victoire aux élections européennes de 2024. L’objectif est double pour le parti à la flamme : réaliser une démonstration de force et prouver qu’il n’est pas isolé sur la scène européenne.
Marine Le Pen et ses troupes ont donc envoyé une flopée de cartons d’invitation aux représentants des partis politiques qui composent "l’Alliance des patriotes", ce groupe d’extrême droite créé au Parlement européen par le Premier ministre hongrois prorusse Viktor Orban, juste après les Européennes, l'an dernier. Aux côtés de Viktor Orban, on nous annonce la présence du président espagnol de Vox, Santiago Abascal, du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, ou encore, en visioconférence, du Néerlandais Geert Wilders. Quelque 5 000 élus et sympathisants du RN sont attendus à partir de 11 heures, sous haute sécurité, avec en ligne de mire : la célébration du raz-de-marée électoral réalisé par la liste de Jordan Bardella, il y a un an, jour pour jour, l’ambition de continuer à apparaître, malgré les récents déboires judiciaires de Marine Le Pen, comme le premier parti de France, toujours en tête des sondages en cas de nouvelles élections législatives et de maintenir la pression, par tous les moyens, sur le chef de l’État, afin qu’il opte pour une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, comme cela avait été le cas il y a un an, jour pour jour, justement.
La répartition des rôles
Marine Le Pen et Jordan Bardella veulent montrer que le Rassemblement national n'est ni isolé, ni divisé. Les deux figures du RN doivent prendre la parole en début d’après-midi. Ils voudront, comme lors de chaque grand rassemblement du parti, démontrer que tout va pour le mieux entre eux. Qu’ils se sont réparti les rôles naturellement : Marine, avec l’Élysée en ligne de mire ; Jordan, à Matignon, en cas de victoire de cette dernière en 2027. Sauf que la possibilité que la triple candidate soit jugée inéligible lors de son procès en appel en 2026 a rendu plus que réaliste le plan B nommé Bardella. Marine Le Pen l’a bien compris et n’hésite plus à tacler publiquement Jordan Bardella, comme récemment, sur la méconnaissance — selon elle — de son poulain des enjeux de la Nouvelle-Calédonie.
Pas de recadrage en règle, à prévoir, dans le Loiret, lundi. Il ne faudrait quand même pas gâcher cette grande fête patriote et populiste des extrêmes droites européennes, mais préparez quand même le pop-corn, Marine Le Pen va forcément tenter de réaffirmer son leadership en vue d’une candidature présidentielle à laquelle elle croit plus que jamais. Il faudra aussi, et surtout, lire entre les lignes du discours de Jordan Bardella pour constater que le jeune président du RN, en embuscade, ne lâchera rien.