Cet article est issu du Figaro Magazine
Chaque année, un certain nombre de contribuables fortunés décident de déménager dans un pays étranger, fuyant la fiscalité française qu'ils jugent trop confiscatoire. Les tentations sont grandes à nos portes : la Belgique, la Suisse, l'Italie, le Portugal, la Grèce, Malte et bien d'autres pays leur tendent les bras. Sur le papier, les avantages de la délocalisation fiscale peuvent séduire. Mais dans les faits, cet exil se révèle parfois difficile à supporter.
Certains finissent par s'ennuyer ferme sur les bords du Lac Léman, à Bruxelles ou Singapour, loin de leur famille, si loin de leurs amis. Les exilés fiscaux souffrent d'une pathologie fréquente : le mal du pays… L'air de rien, au fil des ans, ils reviennent un peu plus souvent qu'ils ne devraient en France, jouant au jeu du chat et de la souris avec l'administration fiscale, réglant scrupuleusement leurs dépenses en espèces et déconnectant leur téléphone portable avec des airs d'agent secret, pour ne pas laisser de traces de leurs passages de plus en plus réguliers dans l'Hexagone. Certains finissent même par passer plus de temps en France que dans le pays où ils ont officiellement déclaré leur domicile fiscal, voire à ne plus y vivre du tout. Or, le fisc attend les fraudeurs au tournant. « C'est un jeu particulièrement dangereux, prévient l'avocat Philippe Kenel, spécialiste de la planification fiscale, successorale et patrimoniale, et plus particulièrement de la délocalisation des personnes fortunées en Suisse et en Belgique au sein du cabinet suisse Python, basé notamment à Genève, Lausanne, Bruxelles ou encore Doha. Personnellement, je refuse de travailler avec des gens qui envisagent une délocalisation fictive. J'ai toujours été un fervent défenseur de la liberté…