Tour de France 2025 : «100% hexagonal», retour du mont Ventoux, deux contre-la-montre… Ce qu’il faut retenir du parcours
Un parcours «made in France»
Après des Tours internationaux (grand départ de Copenhague en 2022, de Bilbao en 2023, de Florence en 2024, avant Barcelone en 2026), le Tour 2025 s'élancera de Lille le 5 juillet et arrivera à Paris le 27 juillet, sans la moindre escapade à l'étranger. «Il n'y a pas une seule incursion à l'étranger, même pas un petit passage pour aller au col du Portillon, comme parfois, où il y a 15 kilomètres en Espagne. C'est 100 % sur le territoire français. J'assume les grands départs à l'étranger dès lors qu'ils font davantage rayonner le Tour et qu'on continue à aller dans les petits villages en France. Revenir en France, avec un parcours 100% français, pour la première fois depuis 2020, c'est quelque chose de très important», se réjouit Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France.
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Un triptyque nordiste sans pavés
Les trois premières étapes mettront les Hauts-de-France en lumière : Lille-Lille (185 km), Lauwin-Planque - Boulogne-sur-Mer (209 km) et Valenciennes-Dunkerque (172 km). Pour une entame tonique. Sans pavés. Après une 1ere étape pouvant servir les desseins des sprinters, la suite sera ouverte : «Lors de la 2e étape, on ne va pas monter le Galibier ou le Tourmalet dans le Nord, le Pas-de-Calais mais l'arrivée à Boulogne se trouvera après trois côtes très rudes dans les dix derniers kilomètres. Ce sont des côtes qui font à peu près un kilomètre avec des pentes à 10-12%, parfois 15%», présente Christian Prudhomme. Pas de pavés mais du vent, des difficultés et du rythme lors d'une ouverture qui devrait être follement suivie.
Portes ouvertes aux baroudeurs
«On a fait le choix des côtes avec Thierry Gouvenou (directeur sportif du Tour) et Pierre-Yves Thouault (adjoint du directeur du Tour). C'est un peu le choix qu'on avait fait autour d'Épernay en 2019», indique Christian Prudhomme. Ce jour-là, lors d'un Tour tout feu tout flamme resté dans les mémoires, Julian Alaphilippe s'était envolé dans la côte de Mutigny à 16 km de l'arrivée et avait fait un spectaculaire coup double : victoire d'étape et maillot jaune. Ce Tour 2019 flamboyant resterait marqué par des coups d'éclat, notamment ceux initiés par les dynamiteurs, Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe.
«La première semaine sera une semaine de plaine, théorique. Mais qui n'aura plus grand-chose à voir avec les semaines de plaine d'autrefois. Puisqu'on est vraiment allé traquer les côtes. Boulogne (2e étape), Rouen (4e étape), Vire (6e étape) et Mur-de-Bretagne (7e étape) sont quatre étapes clairement faites pour les puncheurs. À Rouen, il y a une série de côtes, dont la côte Jacques Anquetil, la côte de Bonsecours, la fameuse côte de Jean Robic en 1947 (le Breton avait pris son élan pour rallier Paris et remporter le Tour) et une dernière, style mur de Huy, avec des pourcentages à 15% à 5 kilomètres de l'arrivée. Après l'étape de Vire, chez Thierry (Gouvenou), le régional de l'étape, le bocage, la Suisse normande avec 3500 m de dénivelé, sur une étape dite de plaine, avec là aussi, pour finir, 700 mètres à 10%, il y aura ensuite Mur-de-Bretagne (7e étape), qui était l'une des premières formes de cette volonté de donner de la force et du relief à la première semaine du Tour lors d'un premier passage en 2011 (avant des étapes en 2015, 2018 et 2021). Mûr-de-Bretagne avec le circuit et l'ascension à deux reprises, comme lors de la victoire d'étape de Mathieu Van Der Poel en 2021. Un des sommets de la plaine», détaille le directeur du Tour.
Les champions français à l'honneur
Après Rouen, la ville de Jacques Anquetil, le Tour honorera Bernard Hinault en Bretagne. «Le Blaireau» qui fêtera ses 70 ans le 14 novembre et célébrera en 2025, les 40 ans de son 5e et dernier succès sur le Tour (la dernière victoire d'un Français sur la Grande Boucle). «Le Tour passera à Carloguen et à Yffiniac (7e étape), où vit Bernard Hinault et où il est né. On fait un départ de Saint-Méen-le-Grand (8e étape) pour Louison Bobet pour le centenaire de sa naissance, le premier coureur à avoir gagné trois fois d'affilée le Tour (1953, 1954, 1955), on passe à Rouen ville de Jacques Anquetil par la côte de Bonsecours (4e étape), la côte de Jean Robic, on arrivera ensuite à La Plagne (19e étape), où Fignon a gagné deux fois (1984 et 1987), on arrive à Luchon-Superbagnères (14e étape), où il y a eu cette bagarre Bernard Hinault-Greg LeMond en 1986. Enfin, on arrivera sur les Champs-Elysées où le premier maillot jaune fut Bernard Thévenet il y a 50 ans. Il y a des liens forts sur ce parcours 100% français, qui met en avant les champions de légende du cyclisme français», confie Christian Prudhomme.
Deux chronos très différents
Le premier contre-la-montre individuel se tiendra autour de Caen (5e étape). «33 km, sur un parcours totalement plat. Il fait 8 km de plus que celui de Côte d'Or (Nuits-Saint-Georges - Gevrey-Chambertin remporté en juillet dernier par Remco Evenepoel). Il est plat comme la main. Il y a un léger faux plat au départ, et ensuite c'est plat, plat, plat, donc c'est vraiment fait pour les gros rouleurs», assure Christian Prudhomme. Le deuxième chrono, atypique, se dressera dans les Pyrénées. «Loudenvielle-Peyragudes (13e étape) : 11 km : 3 km de plat, ça monte, ça descend et 8 km d'ascension, 620 m de dénivelé et l'arrivée sur l'altiport de Peyragudes. Sur les 250 derniers mètres, il y aura des secondes à prendre ou à perdre sur ce chrono qui sera un grand rendez-vous. C'est une sorte de sandwich pyrénéen et la tranche de jambon, c'est le contre-la-montre de Loudenvielle à Peyragudes», sourit Christian Prudhomme.
Un 14 juillet pour faire bouger les lignes
Le 14 juillet qui tombe un lundi chamboule le calendrier. La deuxième étape de repos se posera à Toulouse le mardi 15 juillet (et non un lundi). Au lendemain de la 10e étape Ennezat - Le Mont Dore. «Cette étape du Puy-de-Dôme est une vraie étape de montagne, même si ça ne monte pas à 2000m. Les ascensions s'enchaînent et il y a des pentes fortes. 100% Puy-de-Dôme donc le 14 juillet, avec huit ascensions classées, il y aurait pu y en avoir le double. Et là aussi, on va chercher des rampes, avec ces routes qui tournent à droite, à gauche, qui montent, qui descendent. Tout est fait pour une grosse bagarre, dans des paysages absolument sublimes, le col de Guéry est absolument magnifique. Par ses caractéristiques, son tracé, je ne sais pas après comment cela se passera, cela ressemble à l'étape du Lioran (remportée d'un boyau par Jonas Vingegaard devant Tadej Pogacar le 10 juillet dernier) qui a été exceptionnelle. Une étape qui m'a comblé de bonheur. Cela fait des années pour qu'on se bat pour rendre compte qu'à côté des Alpes et des Pyrénées qui sont incontournables et indispensables on peut avoir des étapes très sélectives dans les autres massifs», signe Christian Prudhomme.
Le grand retour du mont Ventoux
Christian Prudhomme ouvre les fenêtres sur la 16e étape (Montpellier-Mont Ventoux ; 172 km) : «Ce sera forcément un temps fort. Le Ventoux (1910 m), c'est toujours un temps fort. Cela le sera d'autant plus qu'on va revenir au sommet, qu'on va tenter de revenir au sommet. Ce sera la première arrivée au sommet depuis 2013. En 2022, on avait deux fois le Ventoux mais on était arrivé à Malaucène. Et 2016, on espérait arriver en haut mais on n'y est pas arrivé à cause du vent. Les origines du nom du Ventoux se sont rappelées à notre bon souvenir, ça soufflait… il y avait des caravanes renversées au sommet. Il y a eu l'arrivée au Chalet Reynard avec toutes les difficultés. Le but, c'est d'arriver en haut. On espère qu'il n'y aura pas trop de vent ce jour-là. Ce sera un événement et même un très gros événement parce que le Ventoux, dans l'histoire du Tour de France c'est une ascension différente de toutes les autres parce que ce jour-là ce sera la seule. Au lendemain d'une journée de repos. Avec la seule étape dans ce Tour de ce registre mais c'est souvent le cas avec le Ventoux : une seule ascension mais c'est le Ventoux. Le lendemain d'une journée de repos, on sait ce que c'est…»
Le toit du Tour, planté au sommet du col de la Loze
2304m. Le Tour se hissera pour la troisième fois au col de la Loze (18e étape), après 2020 et 2023. Mais il s'agira de la première montée côté Courchevel. «Avec une étape qui sera redoutable puisque ce sera Glandon, Madeleine, et la montée vers la Loze, donc c'est 5500m de dénivelé. Le dénivelé global du Tour, il est à 51550m, c'est un peu moins que l'année dernière. En revanche, on a une étape à 5500 m qui va de Vif à Courchevel et qui sera une étape de très, très haute montagne. La Loze de ce côté-là, elle est un peu moins follement dure, mais la montée fait 26 km avec des ruptures de pente. Cela permettra de faire beaucoup plus qu'un écrémage. Le lendemain, il y aura un peu moins de dénivelé mais pour aller d'Albertville à la Plagne, par les Saisies, le col du Pré, on finit par le Cormet de Roseland, avant de monter jusqu'à La Plagne qui est très long, n'a pas de pourcentages énormes. Tout ça ramassé en 130 km. 4600 m de dénivelé. Et une 2e arrivée consécutive à plus de 2000 m», annonce Christian Prudhomme.
11 régions françaises traversées sur 13
«Le dessin de la carte me plaît, davantage que d'autres années. On est dans beaucoup d'endroits de France. On va traverser 11 régions sur 13. On va traverser 34 départements. Ce que je dis toujours, c'est que pour bien voir le Tour, avec 3500 kilomètres au maximum chaque année, contrairement au passé, où ça faisait 4000, 4500 km, jusqu'à 5700 dans les années 1920, il faut superposer les cartes. En superposant simplement les deux dernières cartes 2024, 2025, on voit qu'on va partout en France. Et si on superpose sur trois ou cinq ans, on va à peu près partout. Même si nos amis corses n'ont été visités qu'en 2013», note Christian Prudhomme. 8 villes inédites figurent sur la carte (Lauwin-Planque, Bayeux, Chinin, Ennezat, le Mont-Dore, Bollène, Vif, Mantes-la-Ville). «Cela correspond aussi à ce qu'on souhaite quand je dis que je revendique les grands départs à l'étranger, pour faire davantage rayonner le Tour et La France mais qu'il nous faut nos petits villages, c'est Ennezat (2300 habitants) le 14 juillet, à côté de Riom qui sera le départ d'une étape du Puy-de-Dôme. Il y a aussi Chinon (9e étape), qui est absolument superbe. Ce jour-là, c'est l'étape des « Ch ». On ira de Chinon à Châteauroux, en passant par Châtellerault. Le hasard fait que le maire de Châteauroux qui nous a dit oui, est désormais le ministre des Sports, Gil Avérous», rappelle le directeur du Tour.
L'anniversaire des Champs-Elysées
Le Tour de France retrouvera Paris pour boucler son voyage. Contrainte de déménager en 2024 en raison des Jeux olympiques et paralympiques, la Grande Boucle retrouvera ses habitudes : «Après la magnifique parenthèse niçoise, on revient sur les Champs pour les 50 ans de la toute première arrivée (le Belge Walter Godefroot s'était imposé au sprint lors de la dernière étape).» Quant aux nouveautés pouvant accompagner la dernière étape du Tour 2025 et se faufiler dans l'élan des JO, Christian Prudhomme glisse : «Avec la ville de Paris, nous sommes en discussion avec la Préfecture…»