L’idée a germé sur les réseaux sociaux, en même temps que le mouvement «Bloquons tout» le 10 septembre prochain a pris de l’ampleur. Prêts à participer à cette journée de mobilisation nationale qui appelle à bloquer le pays, certains restaurateurs ont décidé de proposer des ristournes à tous leurs clients qui accepteraient en liquide, plutôt qu’en carte bancaire. Sur X, le hashtag #onpayecash a même fait son apparition. Dans le Gard, un couple de restaurateurs installé près de Nîmes a fait la une des journaux, après avoir annoncé qu’il appliquerait une ristourne de 10% à tous ceux qui paieraient en liquide pendant trois semaines pour soutenir le mouvement. Mais est-ce seulement légal ?
Selon l’article L 112-12 du Code monétaire et financier, le professionnel peut tout à fait proposer une différence de prix - à la baisse ou à la hausse - selon le moyen de paiement, s’il en informe clairement le client avant l’initiation du paiement. Le site gouvernemental Légifrance précise ainsi que «si un commerçant souhaite offrir une ristourne pour un paiement en liquide (au motif d’éviter les frais de carte, par exemple), cela est légal, à condition que ce soit indiqué de façon visible avant le paiement». «Oui, c’est totalement légal, tout comme les restaurateurs qui refusent les billets de 500 euros sont dans leur droit», pointe Frank Delvau, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) Île-de-France.
Passer la publicitéCe représentant de la profession évoque un «coup marketing» de quelques-uns qui souhaitent soutenir le mouvement du 10 septembre, et ne croit pas qu’il sera fortement suivi à cette occasion. «Faites un sondage dans la rue, vous verrez que personne n’a de liquide. Même pour acheter une baguette, les gens sortent leur carte bancaire», ironise-t-il. Mais si elle n’est pas illégale, la pratique indigne tout de même une partie de l’opinion publique. «Les clients paient cash, donc ne paient pas de TVA. Soit 10% de remise pour le client et 11% de plus pour le commerçant : voilà une grève de l’impôt où tout le monde est gagnant !», s’insurge par exemple une internaute sur X.
«On est en perte de stabilité»
De manière générale, les restaurateurs ne voient pas d’un très bon œil cette journée de blocage et apparaissent davantage préoccupés par l’idée qu’en s’éternisant, elle ne vienne mettre un coup d’arrêt à l’activité déjà morose des restaurateurs cette saison. «Les entreprises de l’hôtellerie-restauration sont inquiètes depuis plus d’un an, on est en perte de stabilité», a fait savoir le chef étoilé Thierry Marx ce samedi sur RMC, assurant qu’il y avait «déjà des annulations» dans certains établissements «de l’ordre de 15%». Le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) pointe que «les gens ont peur d’être bloqués, par manque de train, de transport» et préfèrent décaler leurs rendez-vous.
Un avis partagé par Frank Delvau, qui se dit «bien plus inquiet» de constater les annulations de réservations qui commencent à poindre pour les journées du 10 septembre mais aussi du 18 septembre que par la décision prise par certains restaurants de rejoindre le mouvement de contestation. «Mon nouveau slogan, c’est plutôt “sale temps pour les restaurateurs en septembre”. Les touristes qui devaient venir en septembre ne viendront pas», assure le professionnel de la restauration, pour qui ce sont de «vraies préoccupations».