«Submersion» migratoire : à l'Assemblée, François Bayrou persiste, le PS suspend les négociations sur le budget

Il n’en fallait pas plus pour enflammer la gauche. Et pour braquer des socialistes qui s’étaient pourtant montrés plutôt constructifs, ces dernières semaines. Lundi soir, dans un entretien à LCI, François Bayrou a soutenu qu’il y avait en France « un sentiment de submersion » migratoire. « Les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une certaine proportion », a-t-il développé, provoquant immédiatement l’ire de toute la gauche, socialistes compris.

Des propos pourtant assez similaires à ceux qu’a déjà tenus, dans le passé, le premier ministre. En 2022, il défendait par exemple le « droit » des « peuples » à « leur identité » et à la « pérennité de leur identité ». Et d’expliciter : « Des modes de vie qui font que la France est la France, que la Suisse est la Suisse, l’Italie est l’Italie ».

«Vous nous faites honte !»

Mardi, durant la traditionnelle séance de questions au gouvernement, la gauche lui demande des comptes. « Monsieur le premier ministre, la question migratoire est trop sérieuse pour s’en laisser dicter les termes par l’extrême droite », lui lance Boris Vallaud, le patron du groupe socialiste, avant de l’interroger : « Maintenez-vous ces mots de ‘submersion’ ? ». Quelques secondes plus tard, François Bayrou persiste et signe : « Quiconque est allé à Mayotte mesure que le mot de submersion est celui qui est le plus adapté. (…) Qui peut dire que ce n’est pas vrai ? Ce ne sont pas les mots qui sont choquants, ce sont les réalités ». Et de réexpliquer le «sentiment de submersion» que pouvaient ressentir certains Français, dans les autres départements.

Comme certains élus Renaissance et LR, les députés du Rassemblement national applaudissent à l’unisson, grands sourires aux lèvres, les propos de François Bayrou. Tollé général sur les bancs de la gauche, qui crient au scandale. « Si vous gouvernez avec les préjugés de l’extrême droite, nous finirons gouvernés par l’extrême droite, et vous en aurez été le complice », tempête Boris Vallaud, furieux, pendant que la patronne du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, lance, très remontée : « Monsieur le premier ministre, vous nous faites honte ! ».

Le PS suspend les négociations sur le budget

L’ambiance est chaotique. Sur les bancs socialistes, les partisans de la « non-censure » sur le budget, qui devrait revenir à l’Assemblée la semaine prochaine, sont tête basse. « Depuis ce matin, ça pousse fort pour censurer », confie un parlementaire, inquiet de la tournure des événements. Quelques minutes plus tard, le verdict tombe. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, annonce que les élus du mouvement à la rose suspendent toutes les négociations avec le gouvernement sur le budget après que François Bayrou a maintenu ses propos et jugé que le terme de « submersion était le plus adapté ». «Non, Monsieur le premier ministre, les “préjugés” ne sont pas “nourris par le réel”. Voltaire disait qu’ils sont la “raison des sots”. Nous sommes le pays des Lumières, votre responsabilité après le vote républicain du 7 juillet était de ne pas les éteindre», fustige ensuite Olivier Faure, sur X (ex-Twitter).