Eaux usées du Bassin d’Arcachon : la préfecture signe les arrêtés polémiques autorisant à déverser des eaux usées dans la lagune

Les manifestations des ostréiculteurs et des associations écologistes n’auront finalement pas eu raison de la pollution du bassin d’Arcachon. La préfecture de la Gironde a fait le choix polémique, vendredi 28 février, de modifier deux arrêtés afin d’autoriser le Syndicat des eaux usées d’Arcachon (Siba) à déverser des eaux usées dans la lagune en cas de pluies diluviennes.

Face à la fronde, l’État avait dans un premier temps reculé et empêché les déversements, comme le réclamaient les associations locales de défense de l’environnement. Il a donc finalement changé sa décision après l’avis, rendu le 31 janvier dernier, par le parc naturel marin du Bassin d’Arcachon, apprend-on dans un communiqué ce lundi.

«Les rejets directs d’eaux usées par temps de pluie ne sont pas autorisés en dehors d’opérations programmées de maintenance ou de circonstances exceptionnelles», précise néanmoins la préfecture de la Gironde, en soulignant qu’il s’agit d’une autorisation temporaire en attendant la réalisation des 120 millions d’euros travaux engagés par le Siba. Un bilan de ce chantier devra ainsi être transmis à la préfecture, d’ici cinq ans, pour réévaluer ce dispositif.

«Permis de polluer»

Furieuse, la Coordination environnement du Bassin d’Arcachon (Ceba) s’insurge de «ce blanc-seing», aussi qualifié de «permis de polluer», accordé au Siba. L’association estime en effet «qu’en réalité l’État persiste à autoriser la pollution du milieu naturel dans des conditions inacceptables». Elle annonce étudier les voies de recours juridiques contre les arrêtés de la préfecture et cingle : «Avec l’aide de la notion de catastrophe naturelle, fort habilement glissée dans les arrêtés, on sait que l’État va pouvoir absoudre le Siba par une simple reconnaissance de catastrophe naturelle.» 

La défaillance du réseau d’assainissement du Siba pourrait être à l’origine de la crise des huîtres du Bassin d’Arcachon en décembre 2023 (de nombreux consommateurs avaient été contaminés par des norovirus présents dans les coquillages, NDLR). Elle avait fait l’objet d’un rare référé pénal environnemental, ordonné par le parquet de Bordeaux après une requête de la Fédération Sepanso Gironde.

Le système d’assainissement du Siba doit faire l’objet de 120 millions d’euros, investis d’ici 5 ans. Siba / droits réservés