À Pékin, des robots humanoïdes prennent le départ d’un semi-marathon

C’est une première mondiale qui se déroulera ce samedi 19 avril dans la capitale chinoise. Lors du semi-marathon de Pékin, organisé dans la zone de développement économique et technologique de Yizhuang, une vingtaine de robots humanoïdes s’élanceront aux côtés de 12.000 coureurs humains pour parcourir les 21,0975 kilomètres de l’épreuve. Séparés physiquement du peloton par des barrières de sécurité, ces robots à deux jambes évolueront sur des voies parallèles, sous l’œil attentif du public et des investisseurs. Initialement prévue le 13 avril, la course a été reportée à samedi en raison de rafales de vents jugées trop importantes par les organisateurs.

Pour participer à cette course inédite, les robots doivent répondre à des critères stricts : une hauteur comprise entre 50 centimètres et 2 mètres et se déplacer uniquement à l’aide de leurs deux jambes. Qu’ils soient autonomes ou télécommandés, ils devront impérativement rester en mouvement pendant toute la course. En cas de panne, les équipes pourront changer les batteries à sept stations de ravitaillement réparties le long du parcours. Chaque remplacement coûtera néanmoins dix minutes de pénalité au classement final.

Parmi les concurrents en lice, certains robots ont déjà attiré l’attention. C’est le cas de Tien Kung, un robot de 1,80 mètre pour 47 kilos, capable de courir dans le sable ou la neige. Il peut maintenir une course stable à 6 km/h, avec des accélérations pouvant atteindre 12 km/h. Conçu par le Embodied AI Robotics Innovation Center, il a été modifié spécialement pour cette course, avec notamment un renforcement des articulations et des semelles absorbant les chocs. Le robot Tiangong Ultra a, pour sa part, été affiné pour les besoins du semi-marathon. Selon la télévision d’Etat CCTV, il portera des chaussures spéciales destinées à amortir les impacts sur ses pieds et chevilles. Lui aussi a été chronométré à 12 km/h. Le modèle H1 de l’entreprise chinoise Unitree Robotics affiche des performances similaires, combinant vitesse et endurance, il pourrait bien créer la surprise.

Des robots en vitrine du savoir-faire chinois

Plus qu’une démonstration technique, ce semi-marathon robotique est une opération de communication savamment orchestrée par Pékin. L’événement vise ainsi à tester la fiabilité, la stabilité et la résistance de ces machines dans des conditions réelles, bien plus exigeantes que les laboratoires. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie nationale de développement de la robotique plus large. D’après un rapport publié lors de la Conférence mondiale sur l’IA de Shanghai en 2024, le marché chinois des robots humanoïdes représentait 2,76 milliards de yuans l’an dernier et pourrait en atteindre 75 d’ici 2029, soit 32,7% du marché mondial. Une progression qui reflète les investissements massifs réalisés par Pékin dans ce secteur stratégique.

C’est aussi un signal adressé à l’international. Alors que les États-Unis développent eux aussi des humanoïdes performants, comme ceux de Boston Dynamics ou Figure AI, la Chine entend prouver qu’elle est en tête dans cette course technologique. Elle espère ainsi faire émerger une filière industrielle capable de produire ces robots à grande échelle.

Pour être classés, ces robots devront terminer la course en moins de 3h30, un temps bien inférieur aux performances humaines les plus rapides. Mais ici, la victoire ne se mesurera pas uniquement au chrono. Des prix allant jusqu’à 5 000 yuans (environ 620 euros) seront également décernés pour récompenser l’endurance, la créativité ou les prouesses techniques. Cet évènement témoigne de l’ambition croissante de la Chine dans le secteur de la robotique, soutenue par un fonds public de 10 milliards de yuans et plus de 100 entreprises implantées dans la seule zone de Yizhuang. Un autre rendez-vous est déjà fixé en août : une compétition dédiée exclusivement aux robots humanoïdes.