Folle dynamique, attaque de feu, ambitions... Pourquoi l’Atalanta Bergame peut faire tomber le Real Madrid de Mbappé
Des retrouvailles explosives. Quatre mois après leur duel en Supercoupe d’Europe remporté (2-0) par le vainqueur de la Ligue des champions, le 14 août dernier, l’Atalanta Bergame et le Real Madrid livrent l’acte 2, ce mardi (21h), lors de la 6e journée de C1. Dans un tout autre contexte autrement plus tendu, cette fois sur la pelouse bergamasque du Gewiss Stadium et ses 25 000 tifosi, qui rêvent de faire tomber l’ogre madrilène. Il faut dire que tout porte à croire à une grande soirée pour l’Atalanta, actuel 5e (10 points) sur 36 du classement de la Coupe aux grandes oreilles.
Pendant que les Merengue de Kylian Mbappé soufflent le chaud et le froid - même s’ils se sont rassurés à Gérone (0-3) samedi en Liga -, la Dea tourne à plein régime. Fini le costume d’outsider collé à sa peau de la nomination de son architecte en 2016, l’équipe entraînée par l’Italien Gian Pero Gasperini (66 ans) occupe depuis ce week-end la tête du classement de Serie A (un point devant Naples, trois devant l’Inter Milan qui possède un match de retard) et reste sur une folle série de neuf victoires de suite toutes compétitions confondues. Comptez même douze succès sur les treize derniers matchs depuis le 28 septembre et un score de parité à Bologne (1-1), avec au passage des cartons offensifs réalisés contre le Shakhtar Donetsk (0-3), le Genoa (5-1), l’Hellas Vérone (6-1) et les Young Boys de Berne (1-6).
David devient Goliath
La réussite des Bergamasques, troisième meilleure attaque des cinq grands championnats européens (38 buts, derrière le Barça et le Bayern Munich), ne date pas d’hier. Sensation de la Ligue des champions en 2020 (éliminée sur le fil par le PSG en quart de finale), habituée au Top 5 en Italie, la Dea est devenue une référence européenne en matière de gestion, d’équilibre financier sur le marché des transferts et de valorisation de ses joueurs malgré un budget en constante hausse mais encore “raisonnable” (estimé à 190 millions d’euros) comparé aux mastodontes européens. Puisque tout bon travail finit par être récompensé, le titre glané en Ligue Europa en mai dernier, le premier pour le club depuis 1963, à l’issue de démonstrations en demi puis en finale face à l’Olympique de Marseille et le Bayer Leverkusen, a validé la première étape du projet Gasperini. Désormais, David devient petit à petit Goliath de l’autre côté des Alpes.
«Ressentons-nous une certaine pression ? Notre pression, c’est de jouer match après match contre des équipes de haut niveau comme l’AC Milan et le Real Madrid mardi, avec l’intention de nous mesurer à elles et de les vaincre, déclarait l’entraîneur bergamasque la semaine passée avant de dominer Milan (2-1), vendredi, et profiter de la défaite napolitaine devant la Lazio (0-1) pour prendre les commandes du championnat. Lorsque nous réussissons, nous sommes très heureux et nous ne voulons pas que nos victoires soient entachées lorsqu’elles sont méritées. Nous suivons notre propre chemin.»
Une attaque de feu
Le chemin vertueux de l’Atalanta mène donc au Real Madrid. Un Real Madrid en état d’urgence et obligé de l’emporter ce mardi pour décoller de son inquiétante 24e place au classement unique de la Ligue des champions après des claques très mal passées à Lille (1-0), contre Milan (1-3) et dernièrement à Liverpool (0-2). Que Kylian Mbappé, Jude Bellingham et consorts s’y préparent, la tâche s’annonce toute aussi ardue qu’à Anfield il y a deux semaines. Animées dans leur inamovible 3-4-2-1, qui a révélé de nombreux talents revendus depuis (Hojlund, Koopmeiners, Romero, Kulusevski, Bastoni…), les piles électriques de la Dea appliquent une recette détestée par le Real d’Ancelotti : pressing, mouvement, agressivité incessante et marquage individuel par séquences.
Ce cocktail explosif fait briller des attaquants au sommet de leur art en ce moment. Meilleur buteur de Serie A, la révélation Mateo Retegui (25 ans, 12 buts en 15 matchs) impressionne au point de gagner sa place en Nazionale. Le Nigérian Ademola Lookman (10 réalisations toutes compétitions confondues), auteur d’un historique triplé en finale de C3 et 14e du dernier Ballon d’or, progresse encore aux côtés du surprenant belge Charles De Ketelaere, acheté 22 millions d’euros l’été dernier à l’AC Milan et buteur vendredi contre son ancien club.
Le Real vraiment favori ?
Dynamique, jeu, confiance… Tous ces éléments feraient presque de l’Atalanta le favori de ce choc européen. «C’est peut-être une euphorie exagérée qui nous accompagne, il faut calmer un peu cet enthousiasme. Favoris demain ? Personne ne peut l’être face au Real», a rappelé prudemment Gian Pero Gasperini en conférence de presse ce lundi.
Un match au couteau, une aubaine pour la bête blessée Real Madrid ? Jamais aussi forts que dos au mur, les champions d’Europe en titre devraient récupérer l’arme fatale Vinicius, sur la touche ces deux dernières semaines, même si l’infirmerie reste bien remplie (Camavinga, Rodrygo, Militao, Carvajal, Mendy...). Kylian Mbappé, décisif à Gérone samedi, sera bien là aussi. «Au Real, on t’attend en deuxième partie de saison, c’est là que tu seras jugé», a soufflé l’attaquant français ce dimanche au micro de Canal+. Le printemps est encore loin mais pour y entendre la musique de la Ligue des champions, la Maison Blanche et son numéro 9 devront survivre à Bergame.