Syrie: Jean-Noël Barrot veut garantir les «intérêts» français

Quel avenir pour la Syrie ? De retour en France après un déplacement à Damas, où il a rencontré le nouveau dirigeant du pays Ahmed al-Chareh aux côtés de son homologue allemand, Jean-Noël Barrot tire de premiers enseignements. Près d’un mois après la chute de Bachar el-Assad - exilé en Russie -, le chef de la diplomatie française a salué ce dimanche « l’espoir - fragile mais réel - qui est né » dans ce territoire ravagé par plus d’une décennie de guerre. Invité du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat », le ministre des Affaires étrangères a rappelé que Paris « se tient, comme depuis treize ans, aux côtés du peuple syrien au moment de concrétiser cet espoir. »

Alors que les premiers pas du chef du groupe islamiste radical HTS sont scrutés par la communauté internationale depuis sa prise de pouvoir le 8 décembre dernier, le ministre a assumé d’échanger avec ce qu’il qualifie d’« autorités de transition ». « Nous leur passons des messages très clairs et très fermes sur nos attentes en matière de transition politique, a fait valoir la figure centriste. Pour que la Syrie se redresse, il convient que toutes les communautés, toutes les composantes de la société syrienne soient représentées et prennent toutes leurs parts. » Sans oublier d’insister sur les « intérêts » tricolores dans la région, qui se portent sur « la lutte contre le terrorisme de Daech (État islamique, NDLR) » et « contre la prolifération des armes chimiques ». Autant de « menaces » qui pèsent sur « la sécurité des Français ».

Quatorze ans après le début des printemps arabes, dont les contestations populaires contre les régimes autoritaires en Tunisie, Égypte, Libye, Syrie ou encore au Yémen n’ont pas réussi à démocratiser les systèmes politiques de ces pays, la France est sur ses gardes. « Nous resterons très attentifs pour que les déclarations encourageantes des autorités de transition syriennes se traduisent dans les actes », a mis en garde Jean-Noël Barrot. Si ce dernier se montre « lucide » sur le « passé» djihadiste d’Ahmed al-Chareh et de certains « groupes qui ont conduit » au reversement de Bachar el-Assad, il l’a encore martelé : « Il ne doit y avoir aucune place pour le terrorisme islamiste. »

Une Syrie «souveraine, stable et apaisée»

Jean-Noël Barrot a-t-il toutefois reçu sur place des garanties satisfaisantes pour faire confiance à ces interlocuteurs ? Souhaitant une « Syrie souveraine, stable et apaisée », le chef de la diplomatie française a affirmé qu’une « mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques » (Oiac) sera bientôt reçue par les nouvelles autorités. Lesquelles lui auraient également donné des « gages sur la représentativité dans le processus qui va conduire à réécrire à terme la Constitution et à procéder à des élections. » Avec, espère-t-il, une meilleure inclusion des femmes dans la société à la clé.

Face à Ahmed al-Chareh, qui réclame une levée des sanctions internationales imposées dès 2011 au pouvoir de Bachar el-Assad après la répression sanglante du peuple syrien, Jean-Noël Barrot a soufflé le chaud et le froid. Les mesures qui touchent les anciens dirigeants du pays n’ont pas vocation à être levées. D’autres, plus spécifiques sur « l’accès de l’aide humanitaire aux populations », pourraient l’être « assez rapidement ». Pour le reste, tout « dépendra » du « rythme de la prise en compte de nos intérêts de sécurité ».