Mondial de handball 2025 : «Ne me parlez pas de cicatrice car pour moi il n’y en a pas», affirme Nedim Remili

A la Maison du Handball de Créteil

À écouter vos coéquipiers, il apparaît que ce Mondial 2025 pourrait vous permettre de refermer la cicatrice liée à l’échec aux JO de Paris 2024…
Nedim Remili (Il fait la moue) : Non, je ne pense pas. J’estime qu’il faut qu’on se tourne vers le futur, ou du moins vers le présent avec ce Mondial. Il n’y a pas de cicatrice à refermer, mais il y a un travail à faire, qui a déjà commencé et qui doit se poursuivre au fil de cette compétition. On est sur la bonne voie. On travaille dur, on travaille fort. On a remis des bases solides et maintenant il faut concrétiser ça déjà pendant les matchs. Donc ne me parlez pas de cicatrice car pour moi il n’y en a pas.

Pour que ce Mondial soit réussi, faut-il obligatoirement décrocher le titre ?
Non, pour qu’il soit réussi, il faut qu’on retrouve une cohésion, une solidité - qu’elle soit défensive ou offensive -, ainsi que l’assise qu’on avait mise sur les dernières compétitions avant ces fameux JO. Après, évidemment, quand on est l’équipe de France de handball, c’est quasiment l’or ou rien. Mais là, le plus important pour nous, c’est de ne pas se projeter aussi loin, de se préparer d’abord pour nos trois premiers matches contre le Qatar, le Koweit et l’Autriche. Pour être honnête avec vous, je ne sais même pas avec qui on croisera ensuite parce que je ne veux pas y penser tout de suite. J’espère d’abord qu’on va construire notre compétition à partir du travail qui a été fait lors de la réparation et de ces trois matches pour ensuite aller jusqu’au bout.

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Cohésion est un terme qui revient souvent. Cela signifie-t-il qu’il y a quelque chose à recoller ?
Je vous dis de ne pas me parler de cicatrice et vous me parler de truc à recoller, vous êtes fort (rires). Plus sérieusement, on parle de cohésion parce que c’est la base d’une bonne compétition, d’un bon voyage. On va passer quasiment 30 jours ensemble et s’il n’y a pas de cohésion, ça va être compliqué d’aller au bout, ou en tout cas d’avoir les ressources nécessaires pour finir en beauté, comme ça avait été le cas il y a un an exactement (titre lors de l’Euro). Donc c’est cette cohésion-là qu’on cherche. Il y a aussi le fait d’avoir perdu des joueurs. Quand je dis perdu, je parle des anciens qui ont arrêté leur carrière, ce qui signifie qu’il y a un nouvel effectif dans un sens. C’est dans ce sens-là qu’on parle de cohésion et pas de cicatrice (sourire).

Cette cohésion est importante. Mais ce mot commence à me faire chier à force de le dire...

Nedim Remili

Comment fait-on pour créer cette cohésion ? 
On fait la fête toute la nuit ensemble (rires). Non, plus sérieusement, cela passe par plein de choses, à commencer par composer avec les caractères de chacun, sachant que certains sont plus discrets que d’autres. Naturellement, tout le monde se retrouve dans le salon et essaie de passer un moment, même si ce n’est pas simple d’avoir les 20 joueurs ensemble. Mais pour la petite anecdote, après le deuxième jour de la préparation lors duquel le staff nous a tués physiquement, on s’est tous retrouvés, les 20, dans les bains chauds pour récupérer. Je pense que ce n’était jamais arrivé depuis la création de cette Maison du handball. C’est un moment qui prouve bien que ce groupe a envie d’avancer ensemble. Idem quand on a fait une partie de loup-garou (un célèbre jeu de rôle). Cela passe beaucoup par les jeux de société, c’est une certitude. Les coachs comprennent qu’on a besoin de nos moments en groupe, et ça se fait vraiment naturellement. Cette cohésion est importante. Mais ce mot commence à me faire chier à force de le dire, il faut qu’on en trouve un autre (rires). Il y a une forte envie de partager des moments ensemble, en dehors du terrain. Même pendant les étirements, on se réunit à 4-5 et ce ne sont jamais les mêmes groupes. Pourtant, les Nantais pourraient le faire car ils sont beaucoup. Mais là, il y a beaucoup de mini-groupes qui se mélangent à chaque fois, ce qui est très intéressant.

Qui est l’ambianceur ?
Franchement, il y en a beaucoup. Le premier, c’est Hugo Descat, mais il y a aussi Dylan (Nahi). Dans son genre, Thibaud Briet est pas mal non plus. Et à la fin, c’est souvent Samir Belhacène qui fait une petite connerie. Il y a vraiment un groupe homogène, et hétérogène aussi en même temps. 

Nedim Remili DAMIEN MEYER / AFP

Vous dites que l’équipe a changé. Les rôles de chacun aussi ? 
C’est compliqué… Disons juste qu’il y a des joueurs qui arrivent et qu’ils vont devoir s’affirmer plus. Mais encore une fois, il n’y a pas de pression par rapport à ça. Je pense qu’on a un groupe vraiment très solidaire, avec beaucoup de cohésion (sourire). On appartient à peu près tous à la même génération et on s’entend très bien. Ça se ressent sur le terrain, quand on s’entraîne il n’y a vraiment pas de joueur plus haut ou plus bas que l’autre. Le plus important, c’est qu’on soit tous sur la même longueur d’onde parce qu’il y a tellement de forces vives dans ce collectif que tout le monde veut apporter sa pierre à l’édifice. Un championnat du monde, c’est long et tout le monde va avoir son rôle à jouer. Peu importe le moment, il faudra être prêt.

On a envie que les plus jeunes, un jour, parlent de notre génération comme d’une belle génération de cette équipe de France.

Nedim Remili

Estimez-vous qu’avec le départ des derniers anciens, c’est à votre génération de prendre la main ?

Je ne dirais pas «prendre la main» car je pense qu’on l’a prise depuis déjà un certain temps. Mais oui, on a envie d’écrire notre histoire parce qu’officiellement, avec l’arrêt de Niko (Karabatic), l’ère des Experts est vraiment terminée. Du coup, là, c’est vraiment une équipe de France «new gen» qui arrive et on a envie que ce soit une belle page. J’ai vu récemment le documentaire de Canal+ sur l’histoire de l’équipe de France et je viens de découvrir celui de BeIN Sport. On a envie de faire partie de ces histoires incroyables, qui transmettent des émotions, qui établissent un pont de génération en génération. On a envie que les plus jeunes, un jour, parlent de notre génération comme d’une belle génération de cette équipe de France.

Depuis quelque temps, un préparateur mental évolue dans le staff de l’équipe de France. Qu’en attendez-vous ?
Alors je ne suis sans doute pas la bonne personne à qui poser cette question car je n’en attends rien de spécial. Je pense que voir un préparateur mental ou un psy, peu importe le nom qu’on lui donne, vient d’une intention personnelle. Moi, j’ai déjà quelqu’un avec qui je travaille à l’extérieur du groupe et ça me va très bien. Ça dépend du feeling, du moment. Aujourd’hui, je n’en ressens pas le besoin. Je l’ai en revanche ressenti après les JO, si vous voulez une cicatrice (rires). Mais depuis, je vais super bien. Je me sens bien dans ma peau, bien dans ma tête. Ma famille va bien et croyez-moi, c’est ça qui est le plus important aujourd’hui.

Nedim Remili ARIS MESSINIS / AFP

Avez-vous pu analyser ce qui n’avait pas été aux Jeux de Paris au niveau du jeu ?
Ah, vous voulez parler de tactique, de jeu. C’est fini les questions de groupe ? (Sourire) C’est sûr que si vous voulez parler des JO, on a développé un jeu beaucoup plus stérile, beaucoup plus statique et cela ne nous a pas permis de développer les qualités des uns et des autres. Là, on essaie évidemment de mettre beaucoup de vitesse car de nouveaux joueurs sur la base arrière qui peuvent nous en apporter, comme Aymeric (Minne) ou Thibaud (Briet). Ils ont une autre manière de jouer, d’appréhender aussi le handball. On essaie vraiment que tout le monde arrive à apporter le maximum qu’il puisse sur le terrain. C’est compliqué parce qu’il n’y a qu’un ballon et qu’il y a énormément de grands joueurs qui, dans leur club respectif, aiment porter énormément de ballons. Mais encore une fois, c’est cette envie de partager ce ballon qui nous fera gagner.

Les Danois ont-ils encore quelque chose de plus que vous ?
(Ferme) Non.

Pourquoi ?
Oh putain, bien joué, je ne l’avais pas celle-là (rires). Je pense qu’ils ont leurs forces. Elles sont vives, elles sont fortes. Ils ont des qualités partout. Maintenant, on essaie de développer les nôtres, en essayant d’en ajouter d’autres. Et j’ai envie de vous dire : réponse en février. Mais ce sont les champions du monde et olympiques en titre, ce qui fait d’eux la meilleure équipe du monde pour le moment. Nous, on est la meilleure équipe d’Europe, jusqu’à l’année prochaine encore. Donc à nous d’aller chercher ce Mondial.