Au Bangladesh, le président de la Cour suprême démissionne, au moment où le chef du gouvernement intérimaire Muhammad Yunus appelle à l'unité

Le président de la Cour suprême du Bangladesh, proche de l'ancien pouvoir, poussé vers la sortie par un soulèvement populaire, a démissionné sous la pression des manifestants, selon les médias locaux, samedi 10 août au moment où le chef du gouvernement intérimaire, Muhammad Yunus, a lancé un appel à l'unité.

Obaidul Hassan a déclaré samedi avoir accepté de démissionner "en principe", après avoir reçu un ultimatum de la part de manifestants, dont certains rassemblés devant le bâtiment de la plus haute autorité judiciaire du pays, a rapporté la chaîne de télévision Jamuna TV. Nommé à la tête de la Cour suprême en 2023, il est considéré comme un fidèle de l'ex-Première ministre déchue Sheikh Hasina, qui a fui le pays cette semaine à la suite des manifestations de masse. Il a notamment supervisé un tribunal des crimes de guerre très critiqué ayant ordonné l'exécution d'opposants de Sheikh Hasina. Son frère a été son secrétaire pendant de nombreuses années.

"Notre responsabilité est de construire un nouveau Bangladesh"

Le dirigeant intérimaire du Bangladesh a lancé un appel à l'unité religieuse samedi en embrassant et réconfortant la mère en pleurs d'un étudiant abattu par la police, dont la mort a été le point d'orgue des manifestations de masse qui ont mis fin aux 15 années de règne de Sheikh Hasina. "Notre responsabilité est de construire un nouveau Bangladesh", a déclaré l'économiste et prix Nobel de la paix aux journalistes. "Ne faisons pas de différence en fonction de la religion", a-t-il insisté, alors que plusieurs attaques contre la minorité hindoue du pays depuis la fuite de Sheikh Hasina ont suscité l'inquiétude de l'Inde voisine et des craintes au Bangladesh.

Le nouveau chef du gouvernement s'exprimait lors d'une visite dans la ville de Rangpur, dans le nord du pays, au cours de laquelle il a rendu hommage à Abu Sayeed, le premier étudiant tué lors de la répression des manifestations. Agé de 25 ans, il avait été abattu à bout portant par la police le 16 juillet. Le nouveau gouvernement intérimaire a promis vendredi de relever le difficile défi de ramener le pays à la démocratie après le soulèvement étudiant et les manifestations de masse.