Musée, exposition, bibliothèque… Le centre culturel de Barack Obama peine à sortir de terre
« Je suis devenu un véritable homme lorsque j’ai déménagé à Chicago », déclarait Barack Obama en mai 2015 en annonçant la construction de sa bibliothèque présidentielle dans la megalopole de l’Illinois. Le projet depuis n’a cessé de gagner en ambition et comprendra un musée, un campus, des espaces de conférences et de concerts, gymnase... Situé au cœur du Jackson Park, au sud de Chicago, le Barack Obama Presidential Center devrait ouvrir ses portes au printemps 2026. Le complexe de près de huit hectares, estimé à 800 millions de dollars, ambitionne de devenir un centre culturel et civique majeur.
Mardi 22 avril, les artistes américains Spencer Finch et Lindsay Adams ont été chargés de réaliser deux nouvelles installations au Barack Obama Presidential Center, preuve que le projet entre dans sa phase finale. Non sans mal. Initialement prévue pour 2021, l’ouverture du centre a été repoussée au printemps 2026. Les raisons : des retards liés à des poursuites judiciaires pour discrimination raciale envers le patron d’une entreprise impliquée dans la construction du projet et à des dépassements de budget.
Selon un calcul de l’Associated Press réalisé en 2021, le coût total du projet n’a cessé d’augmenter jusqu’à atteindre environ 700 millions de dollars pour la construction. À cela s’ajoutent 90 millions de dollars prévus pour la conception des expositions, ainsi que 40 millions pour le fonctionnement de la première année. La Fondation Obama, qui supervise le projet, avait déjà levé 720 millions de dollars en 2021 et ambitionne d’atteindre 1,6 milliard de dollars dans les cinq années à venir.
Donner un nouveau visage à Chicago
« L’Obama Center sera une puissante vitrine de l’héritage, des espoirs et des rêves de nos pères », a assuré le maire de Chicago, Brandon Johnson lors d’une interview au Wall Street Journal en août 2024. Placé en plein sud de Chicago, le Presidential center a pour but de donner un nouveau visage à la ville d’adoption de Barack Obama et de transmettre l’héritage de son mandat présidentiel.
Parmi les infrastructures : une bibliothèque numérique, un musée, un studio d’enregistrement, un auditorium, des salles de classe, des aires de jeux pour enfants et des jardins. Plus de la moitié des espaces seront accessibles gratuitement au public. Un espace sera dédié à Hadiya Pendleton, une adolescente de 15 ans tuée par balle à Chicago en 2013, peu après avoir participé aux festivités d’investiture du président Obama.
Un lieu encré dans le numérique
« L’un des aspects les plus marquants de l’héritage du président Obama est son statut de premier président numérique des États-Unis », peut-on lire sur le site internet Barack Obama Presidential Center. Le musée de 68 mètres de haut, qui a atteint sa hauteur finale à l’été 2024, proposera donc des « projections immersives, des installations d’art numérique, des paysages sonores et des programmes numériques interactifs ». L’un des éléments phares du Presidential Center Museum sera Le Pouvoir des Mots, une exposition de quatre étages dédiée à la narration cinématographique, à l’art et au son.
La construction des bâtiments du Barack Obama Presidential Center sera achevée avant la fin de 2025. Le site internet du futur espace culturel documente régulièrement l’avancée des travaux. En février, le site appelé « Home Court », une zone inspirée d’un terrain de basket commençait à prendre forme. L’isolation des toits de la bibliothèque, du forum et du parking touchait à sa fin. Au nord du site, les travaux du futur jardin dédié aux femmes ont débuté.
À l’intérieur du futur musée, le sol des galeries d’exposition est en cours d’installation. Enfin, dans la Sky Room, un espace en hauteur offrant une vue spectaculaire sur Chicago et le lac Michigan, la pose des fenêtres touche à sa fin. Dès l’approche du Barack Obama Presidential Center à Chicago, les visiteurs seront frappés par une inscription gravée sur la façade du bâtiment principal : un extrait du discours que Barack Obama a prononcé à Selma, en Alabama, en 2015, à l’occasion du 50e anniversaire des marches pour les droits civiques.
Alors que l’administration Trump s’illustre par des coupes drastiques dans les budgets alloués à la culture, le Barack Obama Presidential Center fait figure d’exception, grâce à un financement exclusivement privé. À l’inverse des autres bibliothèques présidentielles, qui relèvent des Archives nationales, le Centre Obama a choisi de numériser ses archives et de renoncer à la création d’une bibliothèque de recherche. Un choix critiquable, puisqu’il ouvre la voie à la diffusion d’informations biaisées.