REPORTAGE. "On est tous touchés" : avant les funérailles de Shiri, Ariel et Kfir Bibas, Israël se recueille et espère panser ses plaies
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Jour de deuil en Israël, pour les funérailles de la famille Bibas. Shiri, la mère, et ses enfants Ariel, 4 ans, et Kfir, 9 mois, au moment de leur enlèvement sont enterrés mercredi 26 février. Tous les trois sont morts à Gaza et leurs corps ont finalement été rapatriés il y a une semaine. La cérémonie a lieu dans l’intimité, mais la famille appelle ceux qui le souhaitent à venir saluer le cortège. Car les Bibas sont devenus pour un pays le symbole d’une douleur collective.
Comme des dizaines voire des centaines de milliers de personnes, Sarah va se poster très tôt, mercredi, au bord de la route pour saluer Shiri Bibas et ses deux garçons. "C'est sûr qu'on sera là avec les drapeaux et dans le cœur. Pour moi, c'est comme mes frères et soeurs, c'est comme mes enfants, c'est pareil. Je ne peux pas rater ça, explique-t-elle. Moi, ce n'est pas que les Bibas, c'est tout ce qui s'est passé. Ça m'a touché tellement fort que je peux pleurer là, en deux minutes."
"Malheureusement, c'est dur à dire, mais on ne peut pas s'arrêter à ces événements-là, on doit continuer."
Jonas, habitant de Jérusalemà franceinfo
Retournée en France après deux ans en Israël, elle est venue voir son ami Jonas. Cela fait cinq ans qu’il est surveillant dans un lycée de Jérusalem. Il pense que cette journée de communion, de recueillement peut aussi être un moment de catharsis, presque de thérapie nationale. "J'ai des amis aussi qui sont morts malheureusement le 7-Octobre, confie-t-il, donc on est tous touchés, même individuellement. Pour nous aussi, ça peut nous aider à montrer cette résilience-là, pour essayer non pas d'oublier, parce qu'on n'oubliera pas, pas de pardonner parce qu'on ne pardonnera pas, mais d'essayer de continuer à avancer. Parce que malgré tout, la vie elle continue."
"Il n'y a pas de mot pour décrire ce que nous ressentons"
Artiste et thérapeute, justement, Dilkah n’en est pas encore à parler de résilience. Elle dit que, depuis le 7-Octobre, chaque respiration fait mal : "Cette déshumanisation... Faire de telles choses à des bébés… C’est au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. Ce qui se passe à Gaza est douloureux aussi, peut-être pas autant, parce que je me sens connectée à mon peuple, mais la souffrance est insupportable des deux côtés."
C'est d’autant plus insupportable, poursuit Dilkah, qu’elle ne voit pas à quoi s’accrocher pour espérer. "Une partie de ma douleur est due au fait que je n’en vois pas la fin. C’est un cercle vicieux de morts, de revanches et il n’y a pas d’horizon, pas d’espoir de changement." Elle réfléchit : "Je ne crois pas qu’il y ait de mot dans notre langue pour décrire ce que nous ressentons."