Cannes rend hommage à Pierre Richard : Le Distrait va fouler le tapis rouge
Il était timide mais il se soignait. Publicitaire illuminé dans Le Distrait, vrai violoniste et faux espion qui séduit Mireille Darc dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, hochet grandeur nature dans les mains de Michel Bouquet dans Le jouet, auteur romantique grugé par des pornographes dans On aura tout vu, Pierre Richard fit rire la France des années 70. Aujourd’hui, bientôt nonagénaire fringant, - il fêtera ses 90 printemps le 16 août -, le Festival de Cannes a décidé de lui rendre hommage en projetant L’Homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme, un film qu’il a réalisé et qui sera présenté en avant-première, avant de sortir dans les salles obscures le 24 septembre
Irrésistiblement comique, sous la direction de Francis Veber (La Chèvre, Le Jouet...), d’Yves Robert (Le Grand Blond puis Le Retour du Grand Blond) de Georges Lautner (On aura tout vu), de Gérard Oury ( Le Coup du parapluie), ou simplement de lui-même (Le Distrait), ce comédien au registre magnifiquement burlesque a déjà vu sa carrière couronner par un césar d’honneur en 2006.
Ces dernières années, ce saltimbanque surdoué, qui aura commencé sa carrière dans les cabarets de chansonniers au début des années 60 avec son complice Victor Lanoux, a vécu une deuxième jeunesse il y a une petite dizaine d’années en jouant Pierrot, l’un des incorrigibles vieillards des Vieux Fourneaux (2018), ou encore le druide Panoramix dans Astérix et Obélix: l’Empire du milieu (2023).
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Le talent du contre-pied
De son vrai nom Pierre Defays (Richard est son deuxième prénom), il naît le 16 août 1934 à Valenciennes . Ses parents étant séparés, il grandit en partie dans le château de son grand-père, aristocrate et grand industriel, qui rêve pour lui d’études brillantes. Le jeune homme obtient un diplôme de kinésithérapeute mais préfère suivre des cours d’art dramatique à Paris. Après des passages dans des cabarets, il débute au cinéma avec un petit rôle dans «Alexandre le bienheureux» (1968). Le réalisateur Yves Robert lui dit : «tu n’es pas un acteur, tu es un personnage, alors fais ton cinéma toi-même». Au départ vexé, Pierre Richard retiendra la leçon. Car il fait partie de ces personnes qui perdent régulièrement leur carte de crédit, qui mettent leur cigarette à l’envers et allument le filtre, qui se coincent le doigt dans l’anse d’une tasse: «dans un film, c’est drôle mais, dans la vie, ça me pose de vrais problèmes», admet-il.
En 1970, il écrit, réalise et interprète son premier film, le bien nommé Le Distrait puis, en 1972, Les malheurs d’Alfred. Cette même année sort Le Grand Blond...» du même Yves Robert, dans lequel il incarne un violoniste dans la lune, bientôt subjugué par la chute de reins de Mireille Darc, une espionne sentimentale. Il enchaîne les comédies, dirigé par Claude Zidi ( Les Rois du gag), Georges Lautner (On aura tout vu) et bien sûr de l’inévitable Gérard Oury. Parallèlement, il met en scène Je sais rien mais je dirai tout (1973),Je suis timide mais je me soigne (1978), C’est pas moi, c’est lui (1979). Écrit à sa mesure, il jouera dans les sept films qu’il a réalisés.
Dans les années 1980, il s’essaye à la chanson mais, surtout, joue dans La Chèvre, puis Les Compères et Les Fugitifs, les trois en duo avec Gérard Depardieu, de Francis Veber. Un triomphe: le premier attire plus de sept millions de spectateurs, les autres près de cinq. «Quand j’ai arrêté de travailler avec Francis Veber, je me suis senti un peu orphelin», avouera-t-il au Journal du dimanche en 2000. Avant d’ajouter: «On me taillait des costumes dans lesquels j’entrais facilement. J’étais habitué. Et puis, un jour, j’ai trouvé que les costumes ne m’allaient plus, je voulais autre chose». Se qualifiant lui-même de «socialiste romantique», il réalisera en 1987 un documentaire sur Che Guevara, tente de changer de registre, sans rencontrer le même succès public, ni se réconcilier avec la critique, souvent injuste avec la comédie.
En guise d’hommage à la vis comica de Pierre Richard, Le Figaro a concocté un petit florilège de sa filmographie. Du Distrait au Jouet, en passant par Le Grand Blond avec une chaussure noire, On aura tout vu et Les vieux Fourneaux, découvrez en vidéos, ci-après, une simple parcelle du talent drolatique, souvent à contre-pied, de Pierre Richard.
Le Distrait de Pierre Richard en 1970, avec Pierre Richard, Bernard Blier, Marie-Christine Barrault, Maria Pacôme, Paul Préboist, Tsilla Chelton, Catherine Samie, Micheline Luccioni...
Le Grand Blond avec une chaussure noire d’Yves Robert en 1972, avec Pierre Richard, Jean Rochefort, Bernard Blier, Mireille Darc, Jean Carmet, Colette Castel...
On aura tout vu de Georges Lautner en 1976, dialogue de Francis Veber, avec Pierre Richard, Jean-Pierre Marielle, Miou-Miou, Gérard Jugnot, Sabine Azéma, Renée Saint-Cyr, Henri Guybet...
Le Jouet de Francis Veber en 1976, avec Pierre Richard, Michel Bouquet, Jacques François, Charles Gérard, Michel Aumont...
Les Vieux Fourneaux de Christophe Duthuron en 2018, avec Pierre Richard, Roland Giraud, Eddy Mitchell, Alice Pol, Henri Guybet...