L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a révisé en nette baisse mercredi sa prévision de croissance pour l'Allemagne et la France en 2025. En crise politique, Paris et Berlin devraient enregistrer respectivement 0,9% et 0,7% de croissance pour leurs PIB l'an prochain, soit un recul de 0,3 point par rapport aux dernières prévisions publiées par l'institution internationale en septembre.
Cela n'empêchera pas la croissance mondiale de s'afficher à 3,3% en 2025, en progression de 0,1 point à la faveur d'un bond de la croissance américaine, écrit l'institution parisienne dans un rapport publié mercredi. Certains risques guettent. Outre un risque de flambée des prix de l’énergie en raison des conflits au Moyen-Orient, « un regain de protectionnisme, notamment de la part des grandes économies, constitue un autre risque majeur de dégradation par rapport aux prévisions », écrit l’OCDE à deux mois de l’investiture de Donald Trump.
Pour la France, aux prises avec une incertitude politique grandissante depuis des semaines qui risque d'aboutir mercredi à la chute du gouvernement mais concernant laquelle l'OCDE ne fait pas de commentaire, « les efforts d'assainissement budgétaire qui seront déployés en 2025 et 2026 pèseront sur la croissance et neutraliseront en partie l'effet positif de l'assouplissement de la politique monétaire sur l'investissement résidentiel et celui des entreprises ».
Exportations allemandes à la peine
Au rang des bonnes nouvelles toutefois, « pour la deuxième année consécutive, la demande extérieure est le principal moteur de la croissance en 2024 » et « la demande intérieure, qui a bénéficié d'un soutien temporaire de la consommation privée au troisième trimestre de 2024 en raison des Jeux olympiques, devrait se redresser à compter de 2025, et s'accélérer à mesure que la désinflation stimulera le pouvoir d'achat ».
De son côté, l'Allemagne peine depuis deux ans à se remettre de la crise énergétique déclenchée par l'invasion russe en Ukraine, qui a laissé des traces sur son industrie : après avoir subi une récession l'an dernier, Berlin devrait connaître une croissance zéro cette année avant de redémarrer modestement en 2025. Ses exportations sont minées par une baisse de la demande en Chine et dans d’autres pays asiatiques.
Financer les infrastructures
« L'investissement privé se redressera progressivement, soutenu par l'ampleur de l'épargne des entreprises et la lente baisse des taux d'intérêt, mais l'incertitude liée à l'action publique continuera de peser sur la confiance des investisseurs », écrit l'institution économique internationale à moins de trois mois d'élections cruciales pour le pays. « Les exportations se redresseront peu à peu, à mesure que la demande des principaux partenaires commerciaux de l'Allemagne se raffermira », estime également l'OCDE dans son rapport.
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Dans le Financial Times, le président de la Bundesbank Joachim Nagel appelle ce mercredi à « un assouplissement du frein à l’endettement » pour augmenter les investissements. L’OCDE préconise aussi de renforcer l’efficacité des dépenses publiques, améliorer le recouvrement de l’impôt et assouplir les règles budgétaires pour financer les infrastructures, la transition verte et le numérique.