Un tribunal bangladais annule des condamnations pour un attentat contre l'ex-Première ministre Sheikh Hasina
Un responsable politique bangladais, accusé d'avoir orchestré un attentat meurtrier contre l'ex-première ministre Sheikh Hasina, a vu sa condamnation annulée dimanche par la justice bangladaise. Tarique Rahman, en exil à Londres, fils de l'ancienne première ministre Khaleda Zia et président par intérim du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), avait été condamné par contumace pour avoir planifié une attaque à la grenade contre un rassemblement organisé par Mme Hasina, alors dans l'opposition, en 2004.
L'explosion, qui s'était produite à l'instant où elle achevait son discours, avait fait une vingtaine de morts. Mais la Haute Cour de Dacca a jugé dimanche que le verdict prononcé contre Tarique Rahman et 48 autres personnes était illégal, en raison d'un vice de procédure en première instance. Le gouvernement de Khaleda Zia, rivale de longue date de Sheikh Hasina et Première ministre à l'époque, avait été accusé d'avoir interféré avec l'enquête préliminaire.
Mais le BNP a toujours nié toute implication dans l'attaque et accusé le gouvernement de Mme Hasina d'ingérence dans le procès, en vue d'ostraciser ses opposants. «L'État a présenté 225 témoins, dont aucun n'a déclaré avoir vu l'un des accusés lancer des grenades ou participer à des réunions en vue de commettre cette attaque», a déclaré l'avocat de la défense, S. M. Shahjahan, aux journalistes après le verdict de dimanche.
Shishir Monir, un autre avocat de la défense, a déclaré que les suspects avaient été contraints, alors que Mme Hasina était au pouvoir, de désigner M. Tarique et d'autres dirigeants du BNP comme coupables de l'attaque. «Les services de renseignement ont détenu les accusés pendant 261 jours et leur ont arraché des aveux de force», a-t-il affirmé devant les journalistes. «Nous soutenons les victimes de l'attaque à la grenade, qui méritent que justice soit faite. Le gouvernement aurait dû en rechercher les véritables auteurs», a-t-il ajouté.
L'ex-Première ministre Sheikh Hasina, 76 ans, qui régnait d'une main de fer sur le Bangladesh depuis 2009, a été chassée par un mouvement de protestation qui l'a contrainte à fuir en Inde en août dernier. Un des témoins qui avait conduit aux condamnations de 2018, Tafiqul Islam, a également déclaré que les familles des personnes tuées et blessées lors de l'attaque avaient toujours besoin de justice après le verdict de dimanche. «J'ai vu (...) des morceaux de corps éparpillés dans la rue», a témoigné M. Islam à l'AFP. «Le tribunal a acquitté tout le monde», a-t-il observé, «mais les victimes attendent toujours que justice soit rendue.»