Incarcération de Boualem Sansal : le président algérien Tebboune évoque «une affaire scabreuse visant à mobiliser contre l’Algérie»

Dans un entretien au journal L’Opinion, Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé sur le cas de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansalincarcéré depuis la mi-novembre en Algérie. «Comment les propos d’un écrivain de 75 ans peuvent-ils être considérés comme une menace pour la sécurité nationale d‘un pays souverain doté de la deuxième armée du continent ?», interroge le journaliste Pascal Airault. «Boualem Sansal n’est pas un problème algérien. C’est un problème pour ceux qui l’ont créé», répond le président, avant de prononcer une phrase mystérieuse : «Jusqu’à présent, il n’a pas livré tous ses secrets.»

Le chef d’État évoque également les liens de l’auteur de 2084 : la fin du monde avec l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, chez qui il serait allé dîner la veille de son départ pour Alger, et avec Bruno Retailleau. Sans développer davantage. «D’autres cas de binationaux n’ont pas soulevé autant de solidarité», estime Tebboune, parlant d’une «affaire scabreuse visant à mobiliser contre l’Algérie».

«Il peut téléphoner régulièrement à sa femme et à sa fille»

L’écrivain, qui a obtenu la nationalité française ne s’est vu accorder aucune visite consulaire par les autorités algériennes. Abdelmadjid Tebboune a affirmé à ce sujet que Boualem Sansal qui «n’est français que depuis cinq mois» bénéficie «des mêmes droits que les autres ressortissants français, notamment en matière de visite consulaire en prison...» Mais, ajoute-t-il, «Boualem Sansal est d’abord algérien depuis soixante-quatorze ans». Un propos équivoque.

Interrogé sur l’état de santé de Boualem Sansal, Tebboune répond : «Il a eu un check-up complet à l’hôpital, il est pris en charge par des médecins et sera jugé dans le temps judiciaire imparti. Il peut téléphoner régulièrement à sa femme et à sa fille». Questionné sur les éventuelles mesures de grâce à titre humanitaire qu’il pourrait prendre, le président dit qu’il ne peut «présager de rien».

Un «combattant de la liberté» pour Emmanuel Macron

Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie et poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne «comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions».

Le 23 janvier dernier, les députés européens ont voté une résolution pour demander la libération de l’écrivain. Le texte a été adopté à une large majorité du Parlement européen : 533 voix pour, 24 contre. Devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée le 6 janvier dernier, Emmanuel Macron avait demandé «instamment» au gouvernement algérien «de libérer Boualem Sansal». Ce «combattant de la liberté» est «détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens», avait-il affirmé.