«Pas forcément une bonne idée» : au sommet de Paris sur l’IA, l’hypothèse d’un rachat par Elon Musk d’OpenAI intrigue
Vers une intelligence artificielle plus éthique? Le sommet de Paris sur l’IA a débouché sur un accord entre 61 pays pour une IA «ouverte», «inclusive» et «éthique», ce mardi. Mais cette annonce a été partiellement éclipsée par une autre, tombée dans la nuit du 10 au 11 février. L’ombre d’un des hommes les plus riches de la planète planait depuis au-dessus de l’événement : Elon Musk.
Chefs d’État et dirigeants de la tech se réunissent au dernier jour du sommet à Paris, au moment où l’homme le plus riche du monde cherche à prendre le contrôle de la start-up californienne qui a popularisé l’IA générative avec ChatGPT fin 2022. Selon des informations du Wall Street Journal lundi, Elon Musk veut, avec un groupe d’investisseurs, racheter l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI pour la somme de 97,4 milliards de dollars.
Si le milliardaire proche de Donald Trump n’a pas répondu à l’invitation au sommet IA lancée par le président français Emmanuel Macron, il est pourtant présent dans les esprits des 3000 à 4000 entrepreneurs internationaux spécialisés dans l’IA, présents ce mardi à Station F, dans le cadre du «Business day». Tous ont suivi l’accrochage entre Elon Musk et Sam Altman, le patron d’OpenAi, qui a répondu lundi au milliardaire sud-africain «non merci», sur le réseau social X.
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«Pas forcément une bonne idée»
Sans évoquer le nom d’Elon Musk, les entrepreneurs avouent, à demi-mot, ne pas être enchantés par un potentiel rachat. «Ce n’est pas forcément une bonne idée», glisse une femme à la tête d’une solution d’IA à destination des entreprises. Elle souligne un «travail remarquable» d’OpenAI, «qui change la manière dont on travaille». Pour cette entrepreneuse, il est important de garder «une notion de souveraineté importante». Même son de cloche pour deux autres entrepreneurs à Station F, pour qui «il faut rester à la pointe de l’innovation». Leur travail utilise plusieurs IA, de Mistral AI à OpenAI. «Ce sont nos clients qui font le choix de celle qu’ils utilisent», souffle l’un d’eux. S’il est important de «garder une IA éthique», ils confessent s’adapter aux demandes de leurs clients sur tous les continents. Peu importe qui est à la tête des IA, ils fourniront la solution choisie, même si Elon Musk devient le patron d’OpenAI.
La notion de souveraineté de l’IA est au cœur de la session de clôture du sommet de l’IA ce mardi. Les chefs de l’État et les patrons de la tech prononcent une série de discours impliquant treize personnalités. Le premier ministre indien Narendra Modi, dont le pays copréside l’événement, le vice-président américain J.D. Vance, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres prennent la parole. Le PDG de Google Sundar Pichai, la directrice générale du groupe sud-coréen Naver, Choi Soo-yeon, et le chanteur et créateur de mode Pharrell Williams figurent également parmi les intervenants.
«Choisir la France»
Pour son ouverture lundi, le sommet IA a vu le président Macron promettre une «stratégie» comparable à celle mise en avant pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Son objectif: accélérer la construction d’infrastructures en France dédiées à cette technologie, avec un plan d’investissements privés à hauteur de 109 milliards d’euros. Il faut «choisir l’Europe et choisir» la France, a martelé lundi Emmanuel Macron, avec pour arguments l’électricité bas carbone, les talents et la promesse d’une accélération des procédures.
Le chef de l’État devrait réitérer ce message ce mardi après-midi dans les allées de Station F, au milieu des entrepreneurs. En parallèle, alors que la réglementation de l’IA, l’importance des modèles en source ouverte (qui permettent l’accès à leur code informatique et autorisent d’autres à les utiliser) et le respect de la vie privée ont été largement abordés lundi, les attentes portent sur la déclaration commune prévue mardi.
Pour la première fois organisé au sein de l’Union européenne, le sommet de Paris, auquel participent quelque 1500 personnes, fait suite à deux autres en Corée du Sud et au Royaume-Uni. Il sera ensuite organisé en Inde, a annoncé la présidence française, mardi.