Les réponses simplistes du populisme
Par Pauline Londeix, chercheuse et écrivaine
Le lundi 20 janvier, le président des États-Unis Donald Trump annonçait la volonté de voir son pays quitter l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Quelques jours plus tard à Las Vegas, il laissait entendre que cette décision n’était pas définitive. La menace de quitter l’OMS a été vivement critiquée par de nombreuses organisations, dont Médecins sans frontières, le 22 janvier : « L’OMS, même si elle a besoin de réformes, joue un rôle essentiel dans la coordination de la recherche médicale mondiale et le partage d’informations, en aidant les gouvernements à répondre aux crises de santé publique urgentes et en arrêtant la propagation des épidémies. (…) En choisissant de suspendre leur soutien à l’OMS, les États-Unis renonceraient à leur capacité à promouvoir des réformes ou à influencer les politiques de santé mondiales cruciales, y compris celles liées à la prévention de futures urgences de santé publique. Au lieu de faire de la politique avec la santé publique, les États-Unis devraient renforcer leur leadership sur les questions de santé mondiale et œuvrer pour garantir un avenir plus sûr et plus sain. »
Cette annonce de Donald Trump est le symptôme de l’ère post-vérité qui se déploie depuis une dizaine d’années, avec l’arrivée au pouvoir de politiciens portant un projet politique allant dans ce sens, du Brésil à la France, en passant par les Pays-Bas, l’Italie, le Royaume-Uni et bien sûr les États-Unis. Avec des politiciens qui, au nom de leur défiance envers « l’establisment », revendiquent un manque de connaissance des règlements de base du fonctionnement des institutions et une vision simpliste du monde. Et c’est bien cela qui semble séduire – à grands renforts de réseaux sociaux et de médias orientant le débat public – une part de plus en plus large de la population. Et quoi de mieux que le multilatéralisme pour symboliser la complexité des relations internationales ? On peut bien sûr critiquer la lenteur de certaines organisations internationales, leur dysfonctionnement, mais elles restent un lieu de dialogue entre tous les acteurs et obligent à la construction de consensus, en dépit des enjeux économiques, des conflits et des guerres.
La pandémie de Covid-19 a aussi accéléré la propagation des idées populistes. On se souvient bien sûr des débats autour de l’hydroxychloroquine lancés entre autres par Didier Raoult. Tout à coup, la science et l’importance des essais randomisés contrôlés pour apporter des preuves aux éléments avancés devenaient optionnelles, et une partie de l’opinion publique et des décideurs politiques tombait dans le piège de réponses faciles, sans preuve. Les mouvements antivaccins sont de la même mouvance, comme si les épidémies étaient créées de toutes pièces par le monde capitaliste pour générer du profit. Pourtant, inutile d’avoir recours à ces théories : ce sont les déforestations massives, les changements environnements et climatiques – qui sont en grande partie des conséquences du capitalisme – qui créent les conditions d’émergence d’agents pathogènes qui peuvent mener à des épidémies ou pandémies. Et la recherche fondamentale sur ces agents pathogènes est souvent sous-financée.
Les populismes ont le vent en poupe car ils apportent des réponses simplistes à des questions complexes, et la pensée plus nuancée et fondée sur des preuves séduit moins ceux et celles en quête de réponses toutes faites et faciles à consommer. Voilà sûrement l’un des plus grands enjeux auquel notre humanité est désormais confrontée.
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