Pourquoi l’Unesco retire trois sites du Patrimoine mondial en péril

«Le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, réuni à Paris, a décidé de retirer trois biens situés à Madagascar, en Égypte et en Libye de la Liste du patrimoine mondial en péril», a annoncé l’Unesco sur LinkedIn, alors que la 47e session du comité du patrimoine mondial, composé des 21 États élus parmi les 195 membres de la Convention, se poursuit jusqu’au 16 juillet place Fontenoy.

«Ces suppressions sont le résultat des larges efforts déployés par les États parties, avec le soutien de l’Unesco, pour réduire considérablement les menaces qui pèsent sur ces sites», précise l’agence onusienne dans un communiqué de presse.

Les «Forêts humides de l’Atsinanana» (Madagascar) sont hors de danger

Les forêts humides de l’Atsinanana, à Madagascar Unesco/Our place
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Ce site avait été inscrit au patrimoine mondial en 2007, et placé sur la liste en péril en 2010. «Atsinanana, ça veut dire Est à Madagascar, c’est un ensemble d’aires protégées situées l’est du pays. Six aires protégées exactement. Ce sont des joyaux de biodiversité avec un taux d’endémisme exceptionnel. Aujourd’hui, si on parle de Madagascar comme un pays phare de la biodiversité mondiale, c’est en partie grâce à ces Forêts humides de l’Atsinanana», explique Max Andonirina Fontaine, ministre malgache de l’Environnement et du Développement durable, dans un entretien à l’agence Ecofin. Le péril venait des trafics des ressources naturelles, «trafics de bois précieux, de braconnages de lémuriens ou de tortues et un taux de déforestation très élevé.»

Le renforcement des moyens technologiques -«drones spécialisés», «kits Starlink»-, la formation de plus de 250 personnes en 2024 pour les utiliser, et l’amélioration des conditions de vie des populations sur ces sites afin de réduire la pression anthropique ont abouti à ce résultat. L’Unesco souligne que «63 % des zones de couverture forestière perdues ont été restaurées, l’exploitation forestière illégale et le trafic de bois précieux ont été réduits, et les signes de braconnage des lémuriens ont atteint leur niveau le plus bas depuis 10 ans».

Abou Mena (Égypte), ne s’effondrera pas

Abou Mena, en Égypte Unesco/Ko Hon Chiu Vincent

L’ancienne ville chrétienne, bâtie sur la tombe du martyr Ménas d’Alexandrie, à 45 km au sud-ouest de la ville éponyme, était inscrite depuis 1979, sur la liste du patrimoine mondial, «en tant qu’exemple exceptionnel de lieu de pèlerinage.» En 2001, elle avait rejoint la liste en péril «en raison de préoccupations liées à l’élévation alarmante du niveau de la nappe phréatique causée par les méthodes d’irrigation des fermes environnantes, et à l’effondrement de plusieurs structures superposées», précise l’organisation onusienne.

Vingt ans plus tard, des efforts d’ingénierie, «un projet d’alimentation en énergie solaire du système de drainage», ont permis de réduire le niveau des eaux souterraines et de stabiliser les ruines. Depuis 2024, un plan de conservation associe les communautés locales.

Ghadamès (Libye) ne sera emportée ni par le feu ni par l’eau

La vieille ville de Ghadamès en Libye UNIESCO/Ko Hon Chiu Vincent

À 650 km de Tripoli, la «perle du désert» libyen, l’une des plus anciennes et illustres cités sahariennes, était inscrite sur la Liste du patrimoine mondial depuis 1986. Plaque tournante pacifique du commerce caravanier entre l’Afrique et le bassin méditerranéen, le site figurait depuis 2016 sur la liste du péril, victime du conflit armé, des incendies et des pluies torrentielles. Malgré les incertitudes, des travaux de restauration, sur des bâtiments historiques, des canalisations et des infrastructures traditionnelles sous la direction des autorités locales, la protègent davantage.

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Cette décision a été prise dans le cadre de la 47e session du comité de l’Unesco. Audrey Azoulay, sa directrice générale, parle d’un «effort collectif» et d’une attention «particulière portée à l’Afrique», pour former, inscrire, et surtout préserver. Car rien n’oblige un pays à suivre les recommandations de l’Unesco qui n’a qu’une aucune diplomatique. L’inscription sur liste du patrimoine en péril ne contraint pas un État à prendre des mesures pour le sauver. Les réaliser est un signe fort de leur volonté de marquer leur identité.