L’espionnage est une guerre chaude, féroce et feutrée. Mais, sur le plan médiatique, c’est un plat qui se mange froid. En 1999, un livre exceptionnel, The Mitrokhin Archive: the KGB in Europe and the West, était publié à Londres. Signé de l’universitaire Christopher Andrew et d’un transfuge soviétique, Vassili Mitrokhine, qui dédiait l’ouvrage «à ceux qui ont voulu dire la vérité mais n’y sont pas parvenus», il se fondait sur des informations dont les plus récentes dataient du début des années 1980. Sur les 996 pages de l’ouvrage, vingt concernaient la France, pays où le KGB y avait «traité plus d’agents (…) au moins une cinquantaine» que partout ailleurs «en Europe de l’Ouest», et ce «durant une grande partie, probablement la majeure partie, de la guerre froide», selon les auteurs.
Parmi ses espions rétribués se trouvaient plusieurs journalistes, dont Paul-Marie de La Gorce, qui avait écrit dans nos colonnes de 1963 à 1995 (il y était éditorialiste de 1977 à 1984), et un certain «Brok»