« J’ai raté 4 fois le permis » : le témoignage d’une candidate épuisée par le stress et un système jugé injuste
L’ENFER DU PERMIS (3/4) - Tous les vendredis de septembre, des lecteurs racontent leur difficile apprentissage de la conduite. Aujourd’hui, l’histoire de Marine, 25 ans, qui multiplie les échecs depuis 2018 malgré un bon niveau reconnu par ses moniteurs.
Passer la publicité Passer la publicitéEn décembre 2017, quand Marine* s’inscrit à l’auto-école alors qu’elle est encore au lycée, un mur se présente devant elle. «Je trouvais ça chouette de passer mon permis , ça représentait le passage dans la vie adulte. En même temps, on a le volant, la vie de plusieurs personnes entre les mains, c’est un apprentissage super exigeant sans aucun droit à l’erreur», raconte-t-elle.
Alors qu’elle s’engage dans cet apprentissage, elle commet ce qu’elle considère aujourd’hui comme une erreur stratégique : «J’aurais dû le passer avant le bac». Car une fois en classe préparatoire littéraire, son anxiété et la charge de travail débordante vont largement handicaper son apprentissage de la conduite. «Je suis naturellement stressée, mais je l’étais encore plus à la sortie du lycée. La prépa c’était l’esprit de compétition et je détestais ça, raconte Marine.
Passer la publicitéPour autant, elle apprécie ses heures de conduite : «Je me sentais grande quand je conduisais, responsable. J’avais un bon moniteur, même s’il lui arrivait de pousser des gueulantes, ce qui n’arrangeait rien à mon stress». Globalement tout se déroulait bien, le problème ne se concrétisait que le jour de l’examen. «Le stress me paralysait», et voilà qu’il lui était impossible de faire ses preuves. Sa première tentative en 2019 se solde par un échec. «J’étais stressée, pas suffisamment préparée». Quelques mois plus tard, rebelote : même cause même échec.
Un stress qui perturbe son sommeil
Le permis devient progressivement une source d’anxiété importante qui affecte son sommeil. « La prépa me causait déjà des insomnies, explique-t-elle. Et le permis ne venait rien arranger à cela.» À chaque examen, l’appréhension monte. « La veille, j’avais vraiment du mal à m’endormir. » Pour gérer son anxiété, Marine a eu recours aux anxiolytiques. « Ce qui m’a aidée, c’est ça. J’en prenais un petit morceau, juste pour être plus détendue au volant. »
Boîte automatique
Puis survient la pandémie. «Avec le Covid, tout s’est arrêté. Plus de dates, plus d’examinateurs…» Tout sera repoussé indéfiniment, enfin jusqu’à l’année 2021. Marine décide alors de casser la spirale négative. «Je me suis dit que j’allais changer d’auto-école, et passer en boîte automatique pour me faciliter la vie, enlever du stress.» Un choix fait par beaucoup d’apprentis conducteurs pour alléger la charge cognitive et se concentrer sur l’essentiel.
Mais en 2023, l’issue reste la même : «Je l’ai à nouveau raté en paniquant au moment d’une manœuvre. C’est bête car j’ai été éliminée, alors que tout le reste de l’épreuve je conduisais bien.» Cette troisième déconvenue la décourage temporairement. Partie étudier à Lyon, elle met sa quête du permis entre parenthèses pendant un peu plus de deux ans. Ce n’est qu’en 2025 qu’elle reprend le volant. «J’ai pris 8 heures de conduite, aucun problème avec mes heures.» Ses moniteurs lui font confiance, elle se sent prête.
«C’est vraiment la loterie»
Entre-temps, sa situation personnelle s’est stabilisée. L’entreprise où elle avait effectué son alternance l’a recrutée en 2024, «alors qu’il me disait ne pas avoir de budget pour le faire». Elle s’est aussi mariée, ce qui, dit-elle, l’a beaucoup apaisée. Deux éléments qui, pensait-elle, devaient jouer en sa faveur pour ce quatrième passage.
Passer la publicitéDésillusion le 3 septembre dernier. « J’ai fait une petite faute, et je ne l’ai pas eu. J’avais déjà repassé mon code en avril, ça m’a mise hors de moi, ce n’était vraiment pas agréable », raconte-t-elle. Cette fois, ce n’est plus seulement la déception qui domine, mais une colère profonde face à un système qu’elle juge inégal et injuste. « C’est vraiment la loterie, tout dépend du moment où on le passe », souffle-t-elle, désabusée. Elle dénonce un « gros problème de subjectivité » et se rappelle une remarque de l’un de ses moniteurs qui l’a particulièrement marquée : « Il m’a dit : Le meilleur moment, c’est entre le 14 juillet et le 15 août. L’examinateur part bientôt en vacances, donc il est plus conciliant ! » Affaire à suivre.
*Le prénom a été modifié