Le succès du pèlerinage de Chartres ne se dément pas. D’année en année, les rangs de ces catholiques traditionalistes qui marchent à la Pentecôte de Paris vers Chartres se font plus nombreux, et l’édition 2025 a rassemblé plus de 19.000 pèlerins, selon les organisateurs. Un succès qui présente aussi un défi logistique, pour convoyer à bon port les pèlerins de retour de la Beauce à l’issue du week-end de trois jours. Cette année encore, plusieurs trains spécialement affrétés pour le pèlerinage ont ramené en région parisienne environ 7000 d’entre eux - une arrivée qui ne passe pas inaperçue en gare Montparnasse, où en fin de journée, le flot de pèlerins en tenue de randonnée et portant croix et bannières a débarqué sur les quais.
Surtout, ces pèlerins de retour à Paris ont pour coutume depuis plusieurs années de signaler leur arrivée et se dire adieu en gare en entonnant un chant de grâces en latin, le «Jubilate Deo», que cette année encore les milliers de voyageurs fraîchement débarqués à Montparnasse ont repris à tue-tête. Sur les réseaux sociaux, les images rappellent les chants de fête qu’entonnent les supporters qui empruntent en groupe les transports en commun pour se rendre à un match, ou quand ils en reviennent.
À lire aussi SNCF, RATP : les contrôleurs touchent-ils vraiment une commission sur les amendes ?
Mais cette fois, des agents de la Sûreté ferroviaire ont jugé que cette démonstration d’enthousiasme n’était pas à leur goût, comme l’a révélé le journaliste Jordan Florentin, du média Frontières. Avisant un petit groupe de pèlerins resté en retrait du reste de la colonne, vers 19h 30 ce lundi soir, au moment de descendre du hall de gare en direction de la sortie par les escalators, 5 agents de la SNCF ont signifié à de jeunes pèlerins qu’ils étaient en infraction.
La scène a été rapportée au Figaro par l’un de ces jeunes pèlerins. «Nous attendions des amis et nous nous sommes détachés du reste du groupe», raconte Émile. «À ce moment, les agents sont venus droit sur nous et ont pris à partie le plus jeune du groupe, nous ont demandé d’arrêter de chanter et nous ont dit que c’était du tapage.» Son ami, Augustin, 18 ans, s’est alors vu demander ses papiers et s’est vu verbaliser par l’un des agents, au motif qu’il participait à du tapage en gare. Il devra s’acquitter de la somme de 60 € envers la SNCF.
«Il y a souvent de la musique et des chants dans les gares !»
«Nous avons dit aux agents notre incompréhension, car nous étions des milliers à chanter, et en règle générale il y a souvent de la musique et des chants dans les gares, surtout depuis que la SNCF a installé des pianos en libre accès !» poursuit Émile, le témoin de la scène, qui dit n’avoir reçu en retour pour seule explication de la part des agents qu’ils ne pouvaient «pas verbaliser tout le monde» et que le jeune homme a été verbalisé car il avait «regardé» les agents de la SNCF en chantant.
À lire aussi Cent euros d'amende pour avoir donné l'aumône : la SNCF reconnaît une maladresse
«C’est injuste, notre ami a payé pour tout le monde parce que ces agents étaient exaspérés, et semblaient avoir une dent contre les pèlerins de façon générale» poursuit Émile. Sollicité par Le Figaro, le service de communication de la SNCF n’a pas souhaité faire de commentaire pour le moment.