Participation active, soutien engagé ou censure: quelles sont les positions des partis politiques face au gouvernement Lecornu 2 ?

La nouvelle est tombée au bout de la soirée vendredi : Sébastien Lecornu, moine-soldat d’Emmanuel Macron est à nouveau nommé à Matignon. Mission acceptée par «devoir», qui lui impose de recomposer un gouvernement et de se trouver des alliés, sinon enthousiastes, au moins neutres, qui ne le censureront pas. Si le Rassemblement national, la France Insoumise et le PCF ne font pas mystère de leur volonté de censure immédiate, les autres forces politiques cherchent des voies de négociation.

Au Modem, soutien et participation

Au MoDem, la «renomination» de Sébastien Lecornu est une heureuse nouvelle puisque le parti de François Bayrou, représenté à l’Assemblée par Marc Fesneau, avait déploré lundi la chute de son gouvernement au bout de 14h. Pour l’ancien ministre de l’Agriculture, cet échec était la cause «des caprices» de quelques-uns, une façon allusive de pointer Bruno Retailleau, démissionnaire de Beauvau après avoir appris la nomination de Bruno Le Maire, jugé responsable par une partie de la droite de l’explosion de la dette.

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Nombre de députés : 36

Horizons en pleine hésitation

Vendredi, Arnaud Péricard, porte-parole du parti fondé par Édouard Philippe, a indiqué qu’il n’y aurait «pas de ministre Horizons» dans un gouvernement qui reviendrait «sur la réforme des retraites».

Selon nos confrères de BFM, le parti tiendra cet après-midi un bureau afin de trancher sur une éventuelle participation au gouvernement. À l’Assemblée nationale, la formation fait partie de la coalition Ensemble, soit la majorité présidentielle.

Nombre de députés : 34

Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau à la sortie de l’Élysée vendredi après-midi Stephanie Lecocq / REUTERS

Les LR, divisés sur la participation

Au lendemain de la nomination bis de Sébastien Lecornu, les Républicains se divisent. Les députés - menés par Laurent Wauquiez - plaident pour un soutien sans participation. Sur les 47 que compte le groupe parlementaire, 41 se sont exprimés lors d’une réunion en ligne organisée vendredi soir. 38 veulent soutenir le futur gouvernement, voire y participer.

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Président du parti, Retailleau a quant à lui redit s’opposer à un premier ministre de gauche ou « macroniste » ainsi qu’à un gouvernement portant la suspension ou un report de la réforme des retraites. Le président du Sénat Gérard Larcher est sur la même ligne. Le PS «va faire du chantage à la censure et le prochain gouvernement devra renoncer à tout : le sérieux budgétaire, le régalien, la défense du travail», a-t-il prévenu. Ce samedi matin le parti tenait un bureau politique au cours duquel devait être tranchée la position officielle.

Nombre de députés : 47

Au PS : menace de censure conditionnelle

Le parti socialiste marche sur un pied puis sur l’autre. Que faire face aux tentatives de conciliation du nouveau premier ministre, désireux de s’allier son soutien ? Il n’y a « aucune garantie de non-censure » prévenait vendredi Olivier Faure, le premier secrétaire. Samedi, les termes du contrat ont été affinés par Pierre Jouvet, le secrétaire général - un cran hiérarchique en dessous de Faure. Lecornu, a annoncé Jouvet, pourra compter sur le soutien socialiste si «dès sa déclaration de politique générale», il confirme «la confirmation de l’abandon du 49-3», «des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d’achat des Français» et une «suspension immédiate et complète de la réforme des retraites». 

Nombre de députés : 66

Chez Les Écologistes, censure quasi certaine

«Cela n’a aucun sens», a commenté la présidente du groupe Écologiste et social, Cyrielle Chatelain en apprenant vendredi soir la reconduite de l’ancien ministre des Armées à Matignon. Les six députés Génération.s, qui siègent au sein de son groupe ont prévenu qu’ils censureraient le nouveau premier ministre. Les 32 autres membres devraient suivre leur exemple.« Tout ça va très mal se terminer », a fustigé Marine Tondelier, la secrétaire nationale du parti, qui s’est dite «triste et en colère pour la France».

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Nombre de députés : 38

Jordan Bardella, président du parti politique d’extrême droite français Rassemblement National (RN), Benoit Tessier / REUTERS

Au RN : censure immédiate

Quelle que soit sa composition du gouvernement bis de Lecornu, le Rassemblement National censurera «bien sûr immédiatement cet attelage sans aucun avenir, dont l’unique raison d’être est la peur de la dissolution, c’est-à-dire du peuple» a écrit Jordan Bardella, président du parti sur X à 22h ce vendredi. Position guère surprenante : Marine Le Pen annonce depuis lundi, jour de la démission du même Lecornu qu’elle censurera tous les prochains gouvernements, de gauche, de droite, macroniste...

Vendredi, le parti nationaliste n’était pas invité à la rencontre de crise, «moment responsable» organisée par Emmanuel Macron à l’Élysée avec les chefs de partis et présidents de groupes parlementaires. Le RN demande-t-il la démission du chef de l’État ? Pas officiellement - il n’a pas appuyé la dernière motion de destitution (déposée par LFI). La dissolution de l’Assemblée lui suffit.

Nombre de députés : 126

À l’Union des Droites pour la République (UDR), censure immédiate

«Censure» a sobrement commenté Éric Ciotti sur X à l’annonce de la reconduction de Lecornu.

Nombre de députés : 15

Chez LFI, censure immédiate, appel à la destitution

«Dans toute bonne farce, il y a des dindons», a raillé le député Manuel Bompard vendredi soir en se disant «fier» de la France Insoumise qui «tient bon» et reste «fidèle à ses convictions» en s’engageant à censurer d’emblée le gouvernement à venir et à tenter de faire voter une troisième motion de destitution d’Emmanuel Macron après l’échec des deux premières déposée cette semaine et en 2024.

«Au contraire de tous les autres partis, nous avons refusé toute tractation folklorique avec M. Lecornu. La responsabilité du chaos n’est pas à l’Assemblée. Elle est à l’Élysée», a écrit Jean-Luc Mélenchon.

Nombre de députés : 71

Manuel Bompard et Jean-Luc Mélenchon le 10 octobre. Stephanie Lecocq / REUTERS

Au PCF, une censure immédiate

Vendredi, Fabien Roussel a eu le droit à son entrevue à l’Élysée. Il en était sorti en expliquant qu’il n’accepterait pas «un nouveau Premier ministre qui reste dans le camp d’Emmanuel Macron». Apprenant la re-nomination de Lecornu, le secrétaire national du parti communiste a déploré un «choix inacceptable», blâmé un président «complément coupé du peuple» dont les amis «sont les mercenaires de la finance». «Passons-les par les urnes !» a-t-il lancé sur X. En septembre, le PCF a soutenu la motion de destitution d’Emmanuel Macron déposée par La France insoumise et rejetée ce 8 octobre. Si nouvelle tentative il y a, le parti devrait l’appuyer de nouveau.

Nombre de députés : à l’Assemblée, le PCF appartient à la Gauche Démocrate et Républicaine qui compte 17 élus.