Blocages, grèves, transports au ralenti... À quelles perturbations faut-il s’attendre pour le mouvement du 10 septembre ?
Vers une journée noire ? Né sur les réseaux sociaux, alimenté par un sentiment de ras-le-bol général et récupéré par la gauche, le mouvement de contestation du 10 septembre appelle à «tout bloquer» ce jour-là pour faire entendre la colère qui gronde. Malgré la probable chute du gouvernement Bayrou le 8 septembre, les oppositions ayant déjà prévenu qu’elles ne voteraient pas la confiance sollicitée par le premier ministre, les appels à la mobilisation ne faiblissent pas et devraient occasionner des perturbations. D’autant que plusieurs syndicats ont annoncé soutenir le mouvement. Le Figaro fait le point.
Les transports perturbés
Se déplacer pourrait être difficile le 10 septembre, notamment sur les rails. À la SNCF, le syndicat SUD-Rail a appelé à «tout bloquer dans le ferroviaire» ce jour-là, dénonçant une «régression sociale» après les annonces budgétaires du premier ministre le 15 juillet dernier. Quant à la CGT-Cheminots, premier syndicat de la compagnie en termes de représentativité, elle a également appelé «tous les cheminots à participer massivement, par la grève, à [la] journée du 10 septembre». Un avant-goût du 18 septembre, journée de mobilisation intersyndicale lors de laquelle trois syndicats majoritaires de la SNCF - dont la CGT-Cheminots - ont également appelé à la grève.
Passer la publicitéEn Île-de-France, le réseau RATP pourrait aussi être perturbé. Le syndicat La Base, regroupant notamment des conducteurs de RER, appelle lui aussi à faire grève le 10 septembre. Comme à chaque mouvement social dans les transports, les agents grévistes sont tenus de se déclarer 48 heures à l’avance. Les prévisions de trafic devraient être connues la veille ou l’avant-veille.
Dans les airs, le syndicat Sud Aérien appelle à la grève et au blocage des aéroports le 10 septembre. Le gros de la grève dans ce secteur devrait surtout être pour le 18 septembre, le syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, le SNCTA, appelant à la mobilisation à cette date-là.
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Grève dans les hôpitaux franciliens
La colère gronde aussi dans le milieu médical, notamment à l’AP-HP, qui regroupe 38 hôpitaux en Île-de-France et 100.000 professionnels de santé. Les syndicats CGT, FO, CFTC et UNSA ont appelé à la mobilisation ce 10 septembre. Parmi les mesures budgétaires annoncées qui ne passent pas, l’«augmentation de la franchise médicale», c’est-à-dire ce qui reste à charge pour le patient.
Les commerces et les services touchés
La CGT Commerce et Services appelle également à la grève le 10 septembre dans ce secteur. La branche Prévention Sécurité de la fédération cégétiste, qui a prévu de se rassembler devant le ministère du Travail, avait retenu la date du 10 septembre «dès le mois de juin», pour dénoncer «l’augmentation des agressions, des incivilités, ainsi que la précarité et des bas salaires dans le secteur de la sécurité et de la sûreté».
Des perturbations dans les services qui pourraient aussi toucher les centres des impôts, les agents du fisc étant appelés à la mobilisation par Solidaires Finances Publiques, première force syndicale dans l’administration fiscale. Cette dernière dénonce les suppressions de postes et les coupes budgétaires subies par l’administration fiscale et réclame «un budget de justice fiscale, sociale et environnementale».
Passer la publicitéLes agriculteurs rejoignent la mobilisation
Si ni le syndicat majoritaire FNSEA ni la Coordination rurale ne se joignent au mouvement du 10 septembre, la Confédération paysanne a en revanche appelé à profiter de l’occasion pour faire entendre la colère des agriculteurs. «On attend toujours des réponses concrètes aux colères agricoles», au besoin «simplement de vivre dignement de notre métier», a expliqué son porte-parole Thomas Gibert lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat à Paris mercredi 3 septembre.
Vers des blocages de gares, de routes et de raffineries ?
Peu centralisé, le mouvement de blocage du 10 septembre reste difficilement prévisible pour ce qui est des modes d’action. Les appels à la mobilisation qui circulent sur les réseaux sociaux et dans les réunions de militants évoquent toutefois des blocages de gares, de routes, de raffineries, d’entrepôts logistiques comme ceux d’Amazon, des sabotages de radars routiers, ou encore des manifestations classiques, selon les services de renseignement.
Grève de la carte bancaire, opérations «péages gratuits»... Des actions de protestation économique annoncées
Les partisans du mouvement de blocage du 10 septembre appellent également à mener des actions visant à déstabiliser le «système» économique. Des tracts et vidéos évoquent par exemple une grève de la carte bancaire pendant un mois à compter de cette date, soit en s’abstenant de consommer, soit en retirant du liquide pour que les dépenses ne génèrent plus de commissions de paiement pour les banques.
D’autres évoquent des opérations «péages gratuits», où les barrières de péages seraient ouvertes de force pour permettre aux automobilistes de passer sans payer, ou «courses gratuites», son équivalent au supermarché.
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«Blocus» dans les lycées et les universités
La contestation pourrait gagner les étudiants. L’Union syndicale lycéenne (USL) a appelé au «blocus» des établissements le 10 septembre «pour construire la mobilisation dans la durée». Le premier syndicat lycéen dit vouloir se mobiliser «contre une politique austéritaire et destructrice pour l’éducation». Le député LFI Louis Boyard, ancien syndicaliste lycéen, a par ailleurs déclaré à RMC vouloir «faire en sorte que ça bloque dans les facs et les lycées le 10 septembre».