"Ça ne change pas" : en Roumanie, à la veille du nouveau scrutin présidentiel, l'extrême-droite toujours en tête grâce aux réseaux sociaux
Les Roumains sont de retour aux urnes dimanche 4 mai, pour choisir leur président. Le premier tour du 24 novembre avait été annulé en décembre en raison de forts soupçons d’ingérence russe via les réseaux sociaux, et en particulier sur TikTok, qui avait favorisé un des candidats d’extrême droite, Calin Georgescu. Il est interdit d’élection depuis.
Roberto, 22 ans, avait voté pour lui. Le jeune homme, qui votait pour la première fois pour une élection présidentielle, l'a découvert sur les réseaux sociaux puisque, comme un Roumain sur deux, il est sur TikTok. "Sans trop m’intéresser au candidat, j’ai choisi celui que j’ai vu sur TikTok, c’est-à-dire Georgescu", explique Roberto, qui travaille dans l’immobilier à Bucarest. Et il estime avec le recul être complètement tombé dans le panneau. "On était comme des moutons. On était cinq copains. Chacun a dit : moi j’aime celui-là, un autre a dit qu’il l’aimait aussi, et on s’est tous retrouvés à voter pour lui, à cause de cette campagne agressive", raconte-t-il.
"Je n’ai plus confiance en personne"
Mais cette campagne agressive se poursuit, avec cette fois, un autre candidat d’extrême droite, George Simion, 38 ans, fan de Donald Trump, arrivé en quatrième position en novembre dernier. Ces derniers jours a fait la course en tête, après une campagne menée entre autres auprès de ses 1,3 millions d’abonnés sur TikTok.
Sur le marché de Bucarest, à deux pas du siège du gouvernement, Ioulian ne décolère pas. "Je n’ai plus confiance en personne. Ils nous ont humiliés", peste-t-il. Il avait voté pour Calin Georgescu, avant l’annulation de l’élection. Il estime que "le peuple roumain n’a plus la parole". "Même si on vote, ça ne sert à rien ! J’ai voté, et vous avez vu le résultat ? C’est une mafia, c’est clair !", dénonce-t-il.
Une nouvelle campagne de désinformation
Depuis Ioulian a quitté TikTok, désabusé. Mais "une grande partie de la société roumaine continue à s'informer exclusivement sur les réseaux sociaux, TikTok et Facebook", explique le sociologue Vladimir Ionas. "Malheureusement, ça ne change pas", regrette-t-il, notant toutefois que "ce qui a changé en revanche c’est la façon dont l'État roumain prend en compte et suit ce qu’il se passe sur TikTok".
Par exemple, le ciblage des utilisateurs systématique et répété est désormais interdit dans le pays. Vendredi, les autorités roumaines ont à nouveau dénoncé dans la soirée une campagne de désinformation, ayant des liens avec la Russie. Les sites internet de plusieurs institutions publiques, télévisions et agences de presse ont été visés.