Un demi-siècle de lutte contre les voleurs d’art raconté en roman graphique
L’OCBC célèbre son cinquantenaire avec la publication d’un roman graphique. Il rappelle l’action de cette unité spécialisée - mi-police mi-gendarmerie - reconnue dans le monde entier. Les auteurs, Luc Larriba pour les textes et Laure Fissore pour les dessins, ont suivi le travail de cette trentaine de limiers.
Depuis son siège, à Nanterre, le groupe s’emploie à retrouver les œuvres volées. Mais il lui revient aussi de surveiller le marché de l’art pour faire face au recel, aux faux, de pister les malfaiteurs, qu’ils soient seuls ou en bande organisée, de démonter les circuits de blanchiment, souvent internationaux, en collaboration avec Europol et Interpol. Enfin, il participe à la lutte contre le pillage de vestiges archéologiques en provenance de zones de conflit.
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Passé un prologue, où l’on fait connaissance avec les protagonistes, une première affaire commence. Lors de la consultation d’un site marchand sur internet, un fonctionnaire remarque un objet. Il consulte Treima, la base de données française qui recense les œuvres d’art déclarées volées. Depuis sa création, en 1995, 90.000 trésors petits ou grands y ont été inscrits. Bingo : la pièce fait partie d’un ensemble de 28 objets disparus chez un particulier, à Périgueux. Une procédure s’enclenche. Il faut remonter la chaîne des revendeurs, confondre celui qui est de mauvaise foi. En même temps, contact est pris avec un procureur périgourdin.
«Une priorité nationale »
Quelques semaines plus tard, deux autres pièces provenant de nouveaux vols dans le Périgord sont mises en vente, toujours sur internet : l’un par un antiquaire en Bourgogne, l’autre par un confrère installé à Orléans. Les données sont croisées. Des interpellations sont décidées quand les conversations téléphoniques révèlent que certains individus visés entendent fuir hors de France. Les perquisitions concomitantes s’avèrent fructueuses : le butin a grossi d’une vingtaine d’objets suspects. Les enquêteurs ont pris ceux-ci sur place en photo, et leur nouvel outil d’intelligence artificielle, le système Artefact, les a aussitôt comparés favorablement avec des clichés de la base Treima. Au final, cinq autres affaires de vol seront élucidées.
Laure Fissore a aquarellé ses dessins. Dans ses vues des bureaux de Nanterre, on identifie, décorant les murs, une affiche du film de Georges Lautner Les Tontons flingueurs, une autre d’Indiana Jones, une troisième d’Arsène Lupin, ainsi que diverses reproductions de tableaux célèbres.
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Dans les chapitres suivants, on part à l’étranger. En Égypte, avec ses trafiquants profiteurs des guerres au Proche-Orient. Ou encore au Pérou, où la fouille sauvage des sites précolombiens passe pour un sport national. L’OCBC et son rôle mondial seront les thèmes d’un colloque à l’Unesco le 23 mai. Peu de pays européens, et même dans le monde, possèdent au niveau national une unité dédiée au trafic des biens culturels. On y rappellera que l’Italie, avec la TPC, est la première « task force », avec 300 personnes. C’est dix fois plus qu’en France et presque cent fois plus qu’aux Pays-Bas. « Cela résulte d’une priorité nationale », commente un officier.
Trafic d’œuvres d’art. Une enquête au cœur de l’OCBC, aux Éditions de La Martinière, 192 p., 27,50 €. Sortie le 16 mai.