Élections syndicales dans les TPE : allez voter !

« Lors des scrutins précédents, je n’ai pas voté. Free-lance, autoentrepreneuse mais aussi salariée d’une petite société de portage salariale, je ne me sentais pas représentée par les organisations syndicales de salariés. Le discours de Sophie Binet en direction des chômeurs m’a donné l’impression que les syndicats ne s’adressaient pas qu’aux salariés des grosses et moyennes entreprises, il m’a motivée à voter cette fois-ci, mais je n’ai pas encore choisi pour qui », explique Valérie, formatrice.

Comme elle, plus de 5 millions de salariés travaillant dans des entreprises ou des associations comptant moins de 10 salariés sont appelés à voter pour les élections syndicales des très petites entreprises (TPE). Ils peuvent voter par Internet ou par courrier.

Inclusivité

Créées en 2011, ces élections ont pour objectif d’inclure les salariés des TPE dans les mesures de représentativité des organisations syndicales, elles permettent notamment d’élire des conseillers prud’homaux et des membres des commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI) .

Début 2021, le taux de participation de cette élection était tombé à peine à 5,4 %, très loin des 60 % de taux de participation moyen aux élections professionnelles en entreprises. « Les conditions étaient particulièrement défavorables. Le scrutin a eu lieu en pleine épidémie de Covid, lors du second confinement, alors que de nombreux salariés des TPE, dans la restauration notamment, étaient en chômage technique », rappelle Tristan Haute, enseignant-chercheur en science politique à l’université de Picardie. Malgré quelques spots à la télévision et à la radio pour inviter les salariés à voter, ce scrutin peine à mobiliser.

« Les salariés ne comprennent pas sur quoi ce vote débouche », explique Rémy Frey, en charge du commerce à l’union syndicale CGT commerce et services de Paris. « Les salariés des TPE connaissent plus la précarité et ont un fort turnover. En outre, dans les TPE, il existe un éloignement vis-à-vis des organisations syndicales, et même vis-à-vis de la représentation collective », poursuit Tristan Haute. Isabelle, assistante maternelle après une reconversion professionnelle, a eu un engagement syndical dans son ancienne vie. Elle l’observe au quotidien : « Alors que c’est évident pour moi que je vais voter, ce ne l’est pas du tout pour mes collègues plus anciennes dans le métier et qui n’ont pas connu d’autre activité. »

Pour tenter de mieux faire participer les salariés des TPE, les syndicats ont affiné leur stratégie. « La grande force de la CGT, c’est son maillage territorial. Ce sont les unions locales et départementales qui conduisent la campagne », raconte Rémy Frey. Ces structures qui fournissent un travail de défense individuel des salariés sont identifiées.

D’autres syndicats, parmi lesquels l’Unsa, très actif lors de cette campagne, privilégient un mailing ciblé en pointant les problématiques propres à chaque secteur. « Cela a pour but de pousser le salarié à mobiliser son identité professionnelle », explique Tristan Haute. Reste à savoir si cela sera suffisant pour atteindre enfin un taux de participation à deux chiffres.

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