Guerre d’Algérie : les images parlent aussi

Contribuer à l’écriture de l’histoire en racontant l’histoire d’une image. C’est ce qu’ont entrepris Marie Chominot et Sébastien Ledoux, tous deux historiens, en invitant une vingtaine de chercheurs à choisir une photographie d’archive repérée lors de leur parcours de recherche sur l’Algérie, et d’en narrer l’histoire à travers son auteur, ses conditions de production et de diffusion, les usages qui en ont été faits, leur impact…

Il a été offert aux contributeurs la possibilité d’en choisir d’autres, issues de la même série ou lui faisant écho, pour approfondir l’analyse. L’exercice, collectif, « un·e historien·ne/une photographie/une histoire », s’est avéré fécond. Il révèle combien ces prises de vues peuvent constituer des sources précieuses pour documenter la guerre d’Algérie.

Des archives familiales

Les images sont souvent issues d’archives familiales, elles viennent parfois des milieux de la justice ou de l’armée. La majorité d’entre elles ont été prises pendant la guerre d’indépendance et n’avaient pas vocation, au départ, à être publiées.

Ainsi, outre les albums de famille relevant de la sphère privée et intime, figurent les albums de soldats, conscrits et appelés, qui, avec les premiers appareils photos portatifs ont pu immortaliser des scènes dévoilant leur regard sur la guerre et la colonisation. L’ouvrage comprend aussi des photos prises par des journalistes professionnels, souvent du point de vue français. Les indépendantistes, eux, avaient peu de moyens.

Ainsi, les auteurs ont-ils pu restituer cette « guerre des images » et cette bataille de l’opinion qui se menait aussi dans ce conflit. Si, on retrouve avec émotion les photographies du bidonville de Nanterre prises par Monique Hervo, ou celles d’une représentation théâtrale subversive aux Baumettes où furent incarcérés plus de 600 Algériens, on découvre l’importance des photos dans la recherche des disparus algériens par leur famille à travers le beau projet « 1 000 autres » que pilotent Malika Rahal et Fabrice Riceputi. Là est aussi le mérite de l’ouvrage codirigé par une spécialiste de l’iconographie et un spécialiste des enjeux de mémoire.

Algérie, la guerre prise de vues, sous la direction de Marie Chominot et Sébastien Ledoux, CNRS éditions, 272 pages, 26 euros

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